En ce beau mois de déconfinement, entre deux parties de The Last of Us, Part II, on a plein de temps pour du test rétro. Au programme : des FPS, encore des FPS, et un peu de survival horror. En avant pour le bilan du mois de juin 2020 !
Black (Xbox, 2006)
Sorti sur PS2 et Xbox, Black tient du blockbuster hollywoodien. Les destructions d’environnement sont hallucinantes, même aujourd’hui. Les armes et explosions sont parmi les plus bourrines jamais entendues. Quant à la musique, on la doit à un jeune Michael Giacchino. Il s’était surtout illustré avec plusieurs Medal of Honor et Call of Duty, et on reconnaît la parenté de style. Il livre ici de l’orchestral ambitieux et grandiose, même quand il n’y a pas de quoi (ou disons, quand du métal serait plus approprié au chaos à l’écran).
Mais Black est surtout un vrai gun porn, une vitrine remplie d’armes extrêmement détaillées. On jurerait qu’il est destiné à faire vendre des caisses de Kalash à tous les fans d’autodéfense du globe. Le souci, c’est que cette fascination pour les flingues se ressent jusque dans les animations, fastidieuses. Oui, on n’a jamais autant eu l’impression de réellement recharger un AK-47 ou un Magnum. Mais ça n’aide pas quand vous êtes sous un feu nourri, et quand votre couverture peut voler en éclats à tout moment.
Rayon gameplay, Black est un peu rouillé aujourd’hui. On ne peut pas sauter, et vous êtes surtout plongé dans des couloirs ou arènes à devoir défourailler du Russe. Les ennemis sont très, très agressifs, et parfois, vous allez mourir d’injustice. Enfin, les cinématiques sont impossibles à zapper. C’est impardonnable, surtout quand l’histoire est un prétexte et qu’elle est aussi confusément racontée. On n’a qu’une envie : nous replonger dans l’action, tellement elle nous fait nous sentir puissant.
À noter que Black est rétrocompatible sur Xbox One. À vous de voir combien vous êtes prêt à payer, sachant qu’il coûte 9 € sur le store Microsoft, et pas beaucoup moins chez les revendeurs, frais de port inclus.
Cold Fear (PS2, 2005)
Vous êtes Tom Hansen, garde-côtes envoyé sur un baleinier russe en perdition. Vous arrivez après que les forces de sécurité du rafiot, puis un détachement d’élite se soient faits dégommer. Vous n’êtes même pas le plan B ou C, vous êtes le fond du panier ! Et en plus d’une tempête, l’invasion par des mutants énervés et autres sales bêtes rampantes va vous rendre la vie dure.
En 2005, le jeu de Darkworks a devancé Resident Evil 4 de quelques petits jours seulement. Mais si la représentation est la même (un TPS), le genre demeure le survival horror. La gestion de ressources et l’obscurité l’emportent sur l’action. Pas de CQC ni de roulades. Tom est un mec lambda, ne partageant avec Léon que le goût de la plaisanterie.
Ce test rétro de Cold Fear était bien, mais pas transcendant. Les équipes de Darkworks ont voulu faire évoluer la recette RE classique et, en un sens, ont réussi. Certaines pièces imposent leurs angles de caméras, mais vous pouvez viser par dessus l’épaule à tout moment. Les ennemis peuvent revivre si on ne leur explose pas la tête pour de bon. Le corps-à-corps est une TRÈS mauvaise idée, d’où la nécessité de savoir viser et exploiter l’environnement. Et l’atmosphère poisseuse est là, surtout grâce aux animations de l’eau. La pluie et les vagues impressionnent encore quinze ans après.
Mais Cold Fear est très court, malgré un changement de décor à mi-jeu. Il ne propose ni énigmes ni boss, en dehors d’un pathétique et frustrant combat final. Et l’armement est à l’image de l’histoire : pauvre et sans imagination. À recommander quand même aux fans du genre, ses propositions et son ambiance en faisant un jeu à part. Normalement, il ne devrait pas coûter très cher, sur PS2 comme sur Xbox.
Crysis 2 (Xbox 360, 2011)
Les Cephs se sont réveillés dans le pire endroit possible : New York. Surgissant des entrailles de Central Park, les aliens plongent la Grosse pomme dans une guerre des mondes sous testostérone. Vous êtes Alcatraz, un marine repêché après la foirade de sa mission par Prophète, un personnage du précédent jeu. Mourant, il décide de vous revêtir de sa nanocombinaison avant de se faire sauter le caisson. À vous de poursuivre sa mission : retrouver et sauver un scientifique détenant la clé de la victoire sur les extraterrestres.
On continue à explorer la saga, après la frustration d’un gameplay exigeant et déséquilibré dans le test rétro de Crysis. Contrairement à ce dernier, Crysis 2 a été pensé pour une sortie parallèle sur console, d’où la relative simplification du gameplay (plus linéaire) et l’assouplissement de la prise en main. L’utilisation de vos différents pouvoirs est plus souvent justifiée, et vous pouvez vous acheter quelques spécialités. Quant à vos approches tactiques, elles sont très diverses malgré vos déplacements d’arène en arène, grâce à un excellent level design. Enfin, la difficulté est moins abusée qu’avant, même si les ennemis ont toujours une vue perçante.
Il n’y a que deux problèmes. Premièrement, la distance d’affichage et le rendu. Certainement lié au moteur du jeu, le résultat sur ma Xbox One n’était pas folichon, même presque aussi moche que le portage du premier épisode. Deuxièmement, Crysis 2 ne m’a jamais emballé. C’était sûrement hallucinant à l’époque, mix improbable entre Call of Duty : Modern Warfare et Independence Day. Les scènes sont spectaculaires, l’environnement de New York en ruines est impressionnant… Mais l’histoire, confuse, ne m’a jamais impliqué.
Depuis sa sortie, Crysis 2 a engendré une suite (qu’il me reste à découvrir) et quelques émules qui s’avèrent plus diversifiés et fun que lui. Intéressant dans l’histoire du genre, donc, mais c’est tout.
Timeshift (Xbox 360, 2007)
Le Dr Krone a volé une combinaison de manipulation temporelle. Il a remonté le temps et fait sauter le labo. Heureusement, vous avez pu enfiler le second prototype et vous enfuir à sa poursuite. Ce salaud ayant réécrit l’Histoire et érigé son propre état totalitaire, à vous de rétablir le cours du temps.
Donc, dans un monde uchronique à la Half Life 2, vous portez une armure façon Crysis et vous manipulez le temps comme dans Singularity. Sauf que Crysis est sorti la même année et Singularity trois ans après. On peut difficilement accuser Timeshift de plagiat total. En revanche, treize ans plus tard, il souffre de la comparaison. D’autant que ce qu’il fait, d’autres l’ont fait en mieux.
De Half Life 2, Timeshift reprend l’environnement vaste mais linéaire, qu’on peut traverser en véhicule, ainsi que des puzzles basés sur la logique. Votre armure ne peut pas bénéficier d’upgrades. Ça ne change pas de Crysis, mais du coup, ça ne renouvelle pas le gameplay. Il est possible de ralentir, accélérer ou inverser le temps, mais vos compétences n’évoluent pas. On n’a aucun sentiment de progression comme dans Singularity plus tard. Quant à l’écriture, elle ne tient pas la distance. Les objectifs comme les niveaux sont oubliables. Et la confrontation finale est expédiée, suivie d’une balle dans la tête au méchant et dix secondes de cinématique. Emballez, c’est pesé !
Le test rétro de Timeshift était sympa, et le jeu tient encore la route techniquement. Mais il est à l’image de son prétexte scénaristique : c’est un univers parallèle à lui seul, le « et si » des FPS. « Et si Half Life 2, Crysis et Singularity n’existaient pas ? » Il n’est pas désagréable d’y jouer, mais on oublie Timeshift aussitôt regagnée notre dimension d’origine. Celle où ces autres jeux existent, et où ils nous ont laissé de bien meilleurs souvenirs.
Legendary (Xbox 360, 2008)
On touche le fond. Si, si, je vous jure. Pourtant, au dos de la boîte, Legendary fait saliver. Vous êtes un voleur professionnel qui a le malheur d’ouvrir la boîte de Pandore, et ainsi de lâcher des nuées d’horreurs mythologiques sur le monde (griffons, loups-garous, fées, Grumpy cat, etc.). Marquée par la boîte, votre main peut maintenant absorber l’énergie libérée par les monstres, pour vous guérir ou la projeter sur les ennemis. C’est beau, hein ? De loin, seulement.
Parce que les plus s’arrêtent là. Ça ne reste que des idées mal employées. Dans la pratique, presque tout est à jeter dans Legendary. Les graphismes et le framerate font mal à voir, la jouabilité est rigide, la musique est insipide et le gameplay est presque aussi basique que dans un Doom vintage : « avance, tire, avance, tire, utilise ta main magique (éventuellement), etc. » Quant aux cinématiques entre niveaux, elles se résument essentiellement à des… croquis, relativement jolis mais gâchés par la narration du jeu.
Parce que la VF est la plus catastrophique jamais entendue ! Elle n’est pas si nulle qu’elle en devient drôle, comme dans Max Payne ou Metal Gear Solid. Ici, personne ne s’amuse. Je devine même que la doubleuse en charge de la narration a été enlevée pour bosser sur ce jeu. Chacune de ses lignes sonne faux, à tel point qu’on dirait qu’elle nous supplie de l’achever. Super, l’ambiance… Du coup, je n’en ai même pas fait la moitié, tellement ce test rétro était pénible.
Legendary est l’exemple même du gâchis de concept. Je suis preum’s pour décapiter des loups-garous au pompeux (ça les empêche de ressusciter, ici) et pour traverser New York ravagée par des golems et griffons gigantesques. Mais même pour son année de sortie, le résultat est techniquement indéfendable.
Pour conclure sur une bonne note
En dehors de ces expériences très variables, j’ai aussi (enfin !) découvert la saga Wolfenstein. Return to Castle Wolfentein, Wolfenstein cuvée 2009, The New Order (et son excellent DLC Old Blood), le très – voire trop – psychédélique New Colossus, et le petit dernier Youngblood sont autant de défouloirs explosifs et violents qui ne déçoivent pas. De quoi nourrir, peut-être, un nouveau test rétro bientôt.