Le capitaine Winfield (Andrew Divoff) s’est crashé lors du vol de test d’un F-117 expérimental, équipé d’une technologie de réalité augmentée. Afin d’expliquer cette foirade à ses supérieurs, on le flanque dans un avion cargo pour Washington, accompagné des deux derniers prototypes de l’engin. Manque de pot, l’ignoble Phillips (Jürgen Prochnow) a prévu de voler la cargaison. Avec son gang, il s’infiltre à bord de l’appareil en plein vol et prend le poste de pilotage. Mais Winfield n’a pas l’intention de le laisser dérober une technologie si dangereuse…

Comme son homologue de 2022, Interceptor de Michael Cohn est bête et c’est un Die Hard-like. Mais c’est un vrai film du genre qui coche toutes les cases, et qui sait se montrer marrant et généreux. Pour l’anecdote, sa première diffusion date du 15 octobre 1992, alors que Passager 57 (avec Wesley Snipes dans un avion de ligne) ne sortait que le 6 novembre de la même année. Ça veut dire qu’Interceptor se paie le luxe, à ma connaissance, d’être le premier « Die Hard dans un avion ».

Note : qu’on aime ou pas 58 Minutes pour vivre, la « vraie » suite à Piège de Cristal, il faut reconnaître qu’elle battait déjà en 1990 tous ses futurs plagiaires. Les méchants n’y détournaient pas un avion, mais carrément tout un aéroport !

Premier de la classe

Malgré son âge et un budget limité, on peut pardonner à Interceptor sa primeur, puisqu’il n’est sorti que quatre ans après Piège de Cristal. Mais dans ces circonstances, sa générosité et son inventivité méritent le respect. En plus de cela, il ne dure que quatre-vingt minutes. On ne risque pas de trouver le temps long.

Au rayon des bonnes idées, citons notamment celles-ci :

  • Les terroristes veulent voler deux appareils furtifs équipés d’un casque VR du futur. Rappelons qu’on était en 1992. Aujourd’hui, la réalité augmentée fait presque partie du quotidien. Interceptor peut donc se vanter d’être vraiment visionnaire.
  • Cette sale gueule de Jürgen Prochnow nous fait l’honneur d’une scène de torture psychologique de choix, se concluant par un twist malsain.
  • L’abordage par les méchants d’un avion à un autre est improbable, voire carrément impossible. Mais il est au moins aussi classe que dans Cliffhanger, sorti un an plus tard.
  • Enfin, si le film se déroule surtout à bord d’un gros transporteur, il se conclut par un duel aérien où, fort judicieusement, la technologie convoitée par les méchants se retourne ultimement contre eux.

Sur le papier, Interceptor n’a donc rien à se reprocher. Quelqu’un, quelque part, de nos jours, pourrait sûrement lui reprocher de ne défendre aucune cause. Il ne s’agit que d’un film d’action reposant sur un concept enrobé de clichés (des gentils et des méchants dans un avion). Michael Cohn ne nous sert qu’un divertissement, mais il le fait bien.

Casting de haute volée

À l’écran non plus, le film n’a pas à rougir avec son casting impeccable. Andrew Divoff, abonné aux rôles de méchant (Wishmaster, Air Force One, 48h de plus) campe ici un héros sympathique. Jürgen Prochnow joue un salaud délicieux, et Elisabeth Morehead, la cheffe de bord, garde toujours la tête haute. Quant aux seconds couteaux, ils n’ont vraiment pas des gueules de porte-bonheur. La preuve, ils se les font bien démonter, et pas deux fois de la même manière. On retiendra surtout « M. Elliot », un nerd absolument tordant avec les culs de bouteilles montés sur son nez.

Pour finir, petit film oblige, les effets spéciaux sont plutôt voyants. On hésite sur ce qu’il y a de plus drôle, entre la 3D préhistorique, les incrustations dégueu, les maquettes d’avion qui font « fshiouuuu », les lunettes de M. Elliot (décidément !) et les stocks shots de l’US Air Force. Mais si on rit, c’est plutôt de bon cœur, les limites techniques étant ce qu’elles sont. En 1992, pour le prix d’un Big Mac, on ne pouvait pas concurrencer Terminator 2.

En résumé, bien que daté, Interceptor 1992 est un must pour les fans de Die Hard-like qui ont tout vu, tout fait, et qui désespèrent de se mettre autre chose sous la dent. Pas convaincu ? Voilà le trailer.

Interceptor : cherche pas, t’as tort !

Interceptor 2022 est lent, mou, vu et revu, et sa modernité se sent surtout dans ses décors cheap et une overdose de CGI dégueu. Tout le contraire d’Interceptor 1992, si l’on excepte les maquettes remplaçant les images de synthèse. À part ça, le casting, les idées et les motifs du film de Michael Cohn font encore mouche trente ans plus tard. Pas mal pour le tout premier « Die Hard dans un avion ». Enfin, rappelons que sa durée n’excède pas 1h20. Ce n’est ni trop, ni trop peu pour exploiter son concept avec justesse et sans débordement.

LES + :

  • Le tout premier « Die Hard dans un avion ».
  • Des idées plein les poches.
  • Un casting sympathique.
  • Aussi court qu’efficace.
  • Ce qui est réussi est aussi rigolo que ce qui est raté.

LES – :

  • Des effets spéciaux vraiment datés (maquettes, 3D, incrustations).
  • Pas de bluray remasterisé ?! On se demande pourquoi…

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