Six (Ryan Gosling) est un super assassin d’une branche archi secrète de la CIA. Vient le jour où il élimine Quatre, sans savoir que c’était un collègue. Ce dernier, avant de mourir, lui remet la preuve que l’Agence est corrompue – quelle surprise ! – et qu’elle est prête à éliminer n’importe qui pour faire du profit et couvrir ses fesses. Naturellement, avec cette preuve en poche, Six est le suivant sur la liste. Ses patrons ripoux décident alors d’envoyer Lloyd Hansen (Chris Evans), un sociopathe, à sa poursuite…

The Gray Man n’est pas à proprement parler un mauvais film d’action-espionnage. Mais cette nouvelle production tape-à-l’oeil fait véritablement du surplace dans le contexte actuel. On parle ici autant du système de production de Netflix que de l’avancée du genre en général.

Gros yeux, gros bras, petite b*** ?

Puisque je n’ai pas lu le livre, on évitera de juger de la qualité du matériau de base, ou de la fidélité de son adaptation. Ce qui compte, ici, c’est notre impression. Et le mot qui la résume le mieux est… « générique ».

The Gray Man est l’histoire du meilleur de sa profession, traqué par tous les autres (moins bons, donc) pour lui faire la peau, afin de protéger les fesses du patron. « Bateau » ne voulant pas dire « piteux », on s’attendait quand même à ce que ça dépote. Et c’est le cas, mais… Sur le papier, The Gray Man ressemble à Jason Bourne, à défaut d’être original. À l’écran, ses influences stylistiques crèvent les yeux, et ce n’est pas forcément une bonne chose.

Malgré sa maîtrise totale, ou à cause d’elle, le film crie « sécurité » à tous les niveaux. Le résultat a l’air de sortir d’un superordinateur, qui aurait calculé les proportions nécessaires de telle et telle recette populaire pour l’intégrer au dernier projet de Netflix. The Gray Man rejoint ainsi Red Notice dans la catégorie « cher payé, vite vu, vite zappé ». C’est dommage, et aussi un peu inquiétant.

Le Gray Man de Frankenstein

On avait un budget de 200M$, entre les mains des réalisateurs des meilleures scènes d’action de films Marvel. Ajoutez par-dessus un casting trois étoiles, et on avait hâte de voir ça : Gosling et Evans, mais aussi Ana de Armas, Billy Bob Thornton, Regé-Jean Page et Jessica Henwick.

Au visionnage, le film des frères Russo passe par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Les boîtes de nuit, châteaux et costumes colorés rappellent John Wick. Idem pour les chorégraphies classes et énervées d’une précision chirurgicale. On a droit à deux, puis trois scènes de destruction massive, dont une à bord d’un tram, dont l’excès de CGI et les cascades bien fake renvoient à Fast & Furious, une autre recette qui cartonne (hélas).

Et que dire des dizaines de plans aériens pris depuis des drones. C’est tantôt gracieux et immersif, tantôt gratuit et saugrenu. Mais ce n’est jamais aussi impressionnant que les plongées et contre-plongées totalement folles aperçues cette année dans Ambulance de Michael Bay.

On s’amuse avant tout

Pour finir, le casting est sans surprise. Tout le monde est impeccable, mais fait ce qui est attendu. Gosling tire la gueule, Evans s’éclate comme un fou (dans la continuité de À couteaux tirés), Billy Bob et Ana font surtout de la figu à rallonge, etc.

The Gray Man a suffisamment de maîtrise et de patate pour ne pas ennuyer. Mais il n’a pas l’envergure ni la plastique des derniers Mission : Impossible. Il faut croire qu’il manquera toujours quelque chose aux productions Netflix pour avoir vraiment l’impression d’être au cinéma chez soi.

Ce film est évidemment conçu comme un passe-temps, pour occuper ses soirées avant d’aller se coucher. Mais pour ce qui est de marquer durablement son audience, il faudra repasser. Or, l’addition commence à devenir salée pour la firme au N rouge. Même si ça ne nous ruine pas, je trouve que 200M$, c’est quand même cher payé rien que pour nous faire cliquer…

LES + :

  • On ne s’ennuie jamais vraiment.
  • Les têtes d’affiche s’éclatent et c’est communicatif.
  • Les frères Russo ont appris à filmer l’action en s’inspirant des meilleurs.

LES – :

  • Le casting est fidèle à lui-même, Gosling en tête.
  • On a l’impression de voir le multivers du film d’action se clasher méchamment : ça commence comme John Wick, ça continue comme Jason Bourne puis Fast & Furious, pour finir carrément comme Commando. Et tout ça filmé parfois avec des drones piqués à Michael Bay. Marrant, mais difficile de trouver au film une identité propre.
  • Les scènes d’action les plus spectaculaires sont aussi les plus dégoulinantes d’images de synthèse bien voyantes.

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