Jack Mimoun (Malik Bentalha), c’est le Bear Grylls du pauvre. Devenu célèbre après avoir survécu seul sur l’île de Val Verde, il est aujourd’hui la star d’une émission de survie où il mouille à peine la chemise. Il se voit alors proposer une expédition par une belle historienne, Aurélie (Joséphine Japy). Problème : à son insu, elle le ramène sur l’île maudite. Grâce au talent de Jack pour la survie et à sa connaissance des lieux, la miss espère retrouver la trace de son père disparu des années plus tôt, à la recherche du trésor du pirate La Buse. Jack a beau être un bras cassé, il n’a pas le choix. Il va devoir guider la demoiselle, entrainant dans son sillage son manager (Jérôme Commandeur), ainsi que le mercenaire Bastos (François Damiens). Mais les secrets de Val Verde cachent de nombreux dangers…

On y croyait, quand Malik Bentalha annonçait vouloir rendre hommage à tous ces films ayant bercé notre enfance. Ses inspirations vont des Goonies aux jeux Uncharted, en passant par Indiana Jones et À la poursuite du Diamant Vert, pour ne citer que les plus évidents. (Notons au passage que le Val Verde est à la base un pays fictif, patrie des méchants de Commando et 58 Minutes pour vivre. Je suis forcément sensible à une si douce attention.)

Il faut reconnaître que le comédien/co-réalisateur et ses scénaristes sont bons élèves. Jack Mimoun et les secrets de Val Verde sent bon la nostalgie, mêlée à un humour de stand-up plutôt bien intégré… la moitié du temps. Au moins, on évite le piège de la simple comédie française prenant place dans un cadre exotique. Mais au lieu d’une comédie d’aventure dans la lignée des modèles américains du genre, le mélange a encore du mal à prendre. Le film alterne plus souvent comédie et aventure, au lieu de mixer efficacement les deux au fil de son intrigue.

On est là pour rire

Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est humble, sincère et ne se prend pas la tête. Il ne nous vend rien de plus que ce qu’il promettait. Le casting en dit long sur ce qui nous attend. Dans leurs registres respectifs, on ne s’étonne pas que celui qui tire le mieux son épingle du jeu soit François Damiens. Jean-Marc Bastos est aussi bas du front que son nom le laisse supposer. Ses réflexions, ses maladresses et son attitude transpirent la bêtise avec un naturel bluffant.

Joséphine Japy est également très convaincante en idéaliste volontaire. Commandeur fait son numéro, ce qui n’est pas une critique, et j’avoue avoir eu du mal à reconnaître Malik Bantalha (« pourquoi t’es gros ? » lui balance un gosse dans les premières minutes). N’en oublions pas Benoît Magimel, lui aussi crédible en aventurier arriviste.

Dommage que Jack Mimoun et les secrets de Val Verde ait surtout les moyens de faire dans la comédie. Il est moins convaincant dans le registre du cinéma d’aventure.

Jack Mimoun et les secrets de Val Verde : chacun de son côté

Pour le côté « comédie française », on est bien servi, surtout en Bastos. Par contre, les vraies bastos manquent parfois un peu. Dès que la troupe arrive sur l’île de Val Verde, leurs aventures se résument à un trek en pleine nature, sans véritable antagoniste, ponctué de saynètes se voulant drôles mais peu passionnantes.

Le rythme du film en pâtit sévèrement dans son deuxième tiers. Pendant que la comédie se taille la part du lion, l’aventure se fait petite. On a souvent tantôt l’aventure, tantôt la comédie, mais rarement la combinaison harmonieuse des deux (contrairement à À la poursuite du Diamant Vert, par exemple). On rigole quand même vraiment, parfois, comme lors de la scène des champignons, ou la chute de celle avec l’avion.

Mais ceux qui veulent des galions pirates et des courses-poursuites démentielles, revoyez vos ambitions à la baisse. Ici, on a surtout un pont suspendu en polystyrène, et une grotte en plâtre décorée comme un escape game. Malgré cela, on peut éprouver un plaisir enfantin à découvrir (enfin !) le repaire du pirate La Buse, d’autant que tout le monde joue ce moment avec une sincérité et un plaisir communicatifs.

Redite, pour voir ?

Enfin, il y a le piège de l’hommage appuyé. Quand on disait que Bantalha était bon élève, il n’est pas seulement cela. Les érudits remarqueront que chaque scène n’est pas juste empruntée, mais réellement reprise de telle ou telle œuvre majeure du genre (Jurassic Park, Benjamin Gates, encore les jeux Uncharted, etc.).

Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est si gorgé de références qu’il menace toujours de perdre son charme, pour se résumer à un jeu de devinettes filmiques. Cela dépend probablement de la cinéphilie de chacun, et de votre degré de tolérance à la redite. Le piège est de finir par tourner le genre en dérision au lieu de lui rendre hommage. Votre serviteur trouve que ça passe de justesse.

Tout de même, l’esprit bon enfant et l’envie de bien faire m’ont procuré du plaisir. Regarder Jack Mimoun et les secrets de Val Verde m’a davantage intéressé que Le Secret de la Cité Perdue ou Uncharted. Au point d’être assez curieux pour voir une suite, teasée à la fin de l’aventure. Espérons-la plus ambitieuse. À supposer qu’elle arrive vraiment un jour…

LES + :

  • Une comédie d’aventure française qui fait des efforts dans l’aventure.
  • Un casting qui fait plaisir.
  • Des gags qui marchent souvent.

LES – :

  • Comédie et aventure préfèrent souvent faire chambre à part.
  • Sans surprise, rayon aventure, le film n’a pas (encore ?) les moyens de ses ambitions. Peut-être dans une suite ?