a way outLes seventies, l’époque des pantalons patte d’ef, des coupes afro, et de Vincent et Léo. Tous deux se retrouvent en taule pour deux motifs complètement différents, mais après une rencontre forcée, ils sympathisent. L’un comme l’autre ayant une dent contre un type appelé Harvey, un Scarface à la manque, ils décident de s’évader, puis de tout faire pour dénicher et dessouder ce fumier…

Je n’attendais pas spécialement ce jeu, et c’est pour ça que je n’en parle que maintenant. Je me le suis procuré en occasion, quand je n’avais rien de mieux à me mettre sous la dent. Si son pitch à deux sous laissait augurer une sympathique série B (comme « burnée »), les annonces consultées rétrospectivement m’avaient tout de même intrigué. A Way Out devait se jouer obligatoirement à deux et offrait soi-disant plusieurs façons de remplir des objectifs (à la Hitman). Dans les faits, c’est une autre histoire. C’est même carrément une autre époque.

 « On m’aurait menti ? »

Déjà, A Way Out a l’air vieux. Heureusement qu’il se déroule dans les années 70, car son esthétique vintage camoufle un peu sa technique datée. Mais animations, graphismes, effets (de lumière ou autre), rien ne sauve le soft d’une impression de jeu PS3 upscalé. Encore une fois, vu qu’il ne valait pas cher (j’ai cru comprendre qu’il ne coûtait que 30 € à sa sortie), en qualité de « petit » jeu, on peut lui pardonner. Ce qu’on lui pardonne moins par contre, c’est de ne PAS tenir l’une de ses deux promesses : proposer différents parcours.

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C’est que l’intelligence artificielle est très limitée là-dedans, et les chemins très balisés. Que Léo et Vincent fassent une chose ou inversent les rôles, franchement, avec mon partenaire de jeu, nous n’avons constaté aucun chamboulement. A certains moments, vous aurez certes l’occasion de voter quelle approche adopter. Mais encore plus rarement ces choix vous laisseront réellement réfléchir à leurs conséquences (exemple : traverser un pont blindé de flics ou trouver un autre chemin ?). A part ça, le gameplay est quasi inexistant. L’aventure suit des indices et dialogues si gros que la réflexion ou la tension ne seront jamais présents, sauf dans la dernière ligne droite où les joueurs auront le SEUL choix déterminant à faire de toute l’histoire. Le jeu est si scripté et accessible que des défis, vous n’en aurez jamais. Dommage.

Le split screen, procédé qui a au moins le mérite d’être lisible en plein jeu.

A Way Out, un film avorté ?

Mais on sent dès le départ que l’ambition des concepteurs était de faire du cinéma jouable. Bon courage face à Uncharted ou au dernier Quantic Dreams, les mecs. C’est sans doute pourquoi la communication s’était essentiellement axée sur le « deux-joueurs obligatoire » et la pluralité des parcours (insignifiante, donc). Et puis oui, pad en mains, A Way Out est bien ce qu’il promet : une bisserie au concept sympa mais qui n’apporte rien.

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Sur le plan de la mise en scène au moins, A Way Out n’a rien à se reprocher. Le découpage des phases de jeu via split screens n’y est souvent qu’un coup de bluff (voir la très bonne intro dès l’arrivée à la prison) mais l’action par ce biais reste toujours lisible et bien cadrée. Les courses-poursuites nous réservent quant à elles quelques beaux chassés-croisés aux influences évidentes. Sans parler du dénouement, qui rejoue Michael Mann avec la subtilité d’un Michael Bay.

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Ghost writer

Donc, A Way Out en gros : technique vieillotte mais style sympa. Il ne restait plus que l’écriture pour espérer relever tout ça. Malheureusement, l’intrigue se perd dans un monde de clichés hérités du ciné des seventies, et non des vraies années soixante-dix. Léo et Vincent sont réduits à des caricatures tant dans leurs looks que leurs attitudes.

Il en va de même pour l’ensemble de leurs relations et univers. L’un a une femme enceinte qui lui en veut, l’autre essaie de se reconnecter avec son rejeton. L’infâme Harvey (antagoniste en carton) est le plus pourri de tous les pourris du monde des pourris. Les hommes de main comme la police visent comme des stormtroopers. Les trahisons et retournements sont tous plus prévisibles les uns que les autres, y compris la fin qui, rappelons-le, propose le SEUL choix influant de l’histoire.

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En fait, vous savez à quoi j’ai songé durant tout le jeu ? A un autre jeu, bien plus vieux celui-là. Ressortez donc votre PS2 et rejouez à Obscure (I ou II). Je n’ai pas arrêté d’y repenser tout du long, et il y a une raison. Ces survival horror inspirés de Buffy et des teenage movies horrifiques des 90s sont tout aussi cliché que A Way Out. Mais ils étaient déjà jouables à deux, et la découverte, le fun qu’ils procurent sont toujours bien réels, et totalement en phase avec le genre abordé. Bref, même là, les aventures de Vincent et Léo n’ont pas inventé l’eau tiède.

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A way out : the wrong way ?

A Way Out est un bon plan si vous l’achetez cinq balles pour jouer une poignée de soirées à deux, encore plus si votre chérie n’a jamais tenu un pad de sa vie. A part ça, il ressemble au fantasme d’un cinéphile uniquement motivé par l’idée de refaire sans valeur ajoutée ce qu’il a connu et aimé (Tango & Cash, Scarface, Old Boy, Heat…). Il aurait mieux valu soigner ses personnages, son histoire, ses enjeux, l’attachement du joueur… Ce que font très bien Uncharted ou Detroit en fait, tout clichés soient-ils.

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Mais si A Way Out est dirigiste, facile, peu original, rappelons qu’il s’agit d’un petit budget. Et il est plus amusant à jouer pour un cinéphage, qui verra plus d’un faux raccord gênant et des problèmes de continuité. Le plus drôle pour ma part restera une course-poursuite apocalyptique à mi jeu avec toute la police des USA. Après un crash, nos héros finissent d’y échapper… en barque, en ramant ! Et ils y arrivent car, euh, la police a peur de l’eau, il faut croire. Comme quoi, la suspension d’incrédulité, c’est pour les diplômés.

LES + :

  • Un langage cinématographique maîtrisé.
  • L’obligation de jouer à deux permet de rigoler avec ses potes ou sa moitié, une bière à la main.
  • Les références, on ne peut pas les louper, encore moins quand on aime le ciné.
  • Le jeu ne coûtait pas cher en sortant, et il coûte encore moins cher maintenant.

LES – :

  • Techniquement dépassé.
  • Publicité mensongère. Du coup…
  • Il n’y a presque aucun embranchement déterminant. Du coup…
  • Rejouabilité zéro. Du coup…
  • Préférez-lui la concurrence : Uncharted pour le côté serial, Detroit ou Until Dawn pour leurs intrigues aux choix vraiment importants, ou même Obscure I & II (sur PS2 !) pour le fun du jeu en coop.

Sinon, dans le pire des cas, faites une partie de Pong ou un puissance 4…

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