Doom Eternal commence quelques mois après Doom (2016). L’Enfer a envahi la Terre et 60 % de nos semblables sont passés à la moulinette. Un appel à l’aide résonne sur les ondes, jusqu’à une forteresse technologico-gothique en orbite autour de la planète. C’est votre repaire. Et ça tombe bien, car après avoir enfilé votre casque et armé votre shotgun, vous alliez emprunter un portail pour vous rendre en bas. Mission : mettre une dérouillée aux trois prêtres de l’Enfer, sans qui l’Apocalypse ne peut pas se faire. Vous êtes le Doom Slayer. Vous êtes la Mort incarnée. Et malgré la thématique infernale, vous êtes aux anges.
Doom Eternal démarre in media res, sans vous laisser le temps de piger. Que faites-vous là ? C’est quoi cette forteresse ? Comment la Terre est devenue un dépotoir post-rave infernale ? Pour l’instant, on s’en fout. Premier niveau : carton au pompeux dans un donjon pour touristes, repeint avec des tripes. On enchaîne avec un décapsulage de tête dans les règles, puis une visite guidée de la ville transformée en foire aux monstres.
C’est le prétexte pour nous en mettre plein la vue. Doom Eternal est beau, il ne rame jamais et les temps de chargement sont brefs. Le jeu est aussi optimisé qu’on l’espérait (ça change de Terminator Resistance) et l’aventure est haute en couleurs. Le métal et le béton épousent la chair et le sang, et les néons côtoient les feux de l’Enfer. Du grand art. Maintenant, ce qui compte, c’est l’initiation aux mécaniques de jeu. Cette suite en rajoutant énormément, un démarrage pépère n’est pas de trop.
Une éternité pour démarrer ?
Si Doom Eternal commence en fanfare sur fond de hard metal dévastateur, il prend ensuite la route panoramique. Il faut bien les deux premiers niveaux, voire trois, pour faire le tour des nouvelles possibilités du Doom Slayer, ainsi que du nouveau système d’optimisation de vos compétences et armes. Mais surtout, il faut le temps de vraiment se faire au nouveau gameplay. Enfin, « nouveau » n’est pas le mot. C’est toujours le même délire : courir, sautiller comme un cabri et plomber tout ce qui bouge. Sauf que tout a été raffiné et approfondi. Plutôt que de nous offrir deux armes supplémentaires et quelques compétences en plus, les développeurs ont tout revu et poussé à 200 %. Et ça fonctionne !
Ce qui marchait dans Doom 2016 marche toujours, mais avec des améliorations en faveur de la nervosité et de la brutalité. Les combats sont très stratégiques malgré l’hystérie qui règne à l’écran. Par contre, il faut maîtriser les bases et savoir ce que vous faites. Pour devenir un vrai Doom Slayer, il faut s’entraîner et s’adapter, ce qui peut nécessiter deux ou trois heures d’humiliations, surtout si vous commencez en Ultra violence. Dans ce cas, autant vous promener à poil en Irak avec un drapeau US tatoué sur le front. Pour une fois, la difficulté est bien dosée, et « Fais-moi mal ! » (le mode normal) n’usurpe pas son nom. C’est parfait pour commencer. Vous pourrez modifier la difficulté in-game quand vos habitudes se seront cimentées.
Compétences, compétences…
Si vous continuez et vous parvenez enfin à piger le coup, Doom Eternal devient le paradis des fans de FPS bourrins. Sûrement parce que, paradoxalement, ce n’est pas que ça. Vous avez un sacré choix d’armes et de compétences pour optimiser votre style de combat, ni trop, ni trop peu. Le gameplay décolle vraiment à partir du moment où vous débloquez enfin le double dash, parce que tout est question de mobilité dans Doom Eternal. Si vous traînez, vous crevez, car toutes les saletés de l’Enfer veulent vous choper. Et bon Dieu, elles sont rapides ! Même le zombie de base peut vous prendre à revers et vous envoyer ad patres d’un brusque coup de latte.
Vous pouvez toujours améliorer votre armure. Mais cette fois, il n’y a pas de défis à remplir pour débloquer des runes, mais des jetons à trouver un peu partout ou à débloquer dans votre « Doom Fortress ». Quant à vos mods d’armes, ils nécessitent toujours des points d’expérience, glanés en défonçant du streum et en remportant des défis. Mais surtout, SURTOUT, vos armes secondaires ne se limitent plus au glory kill et à la tronçonneuse. Et même l’usage de cette dernière a été repensé.
Vous disposez maintenant d’un canon sur l’épaule. Il tire soit des grenades, soit un rayon givrant, respectivement utiles pour faire du dégât ou paralyser du monde. Vous avez aussi un lance-flammes à l’effet déterminant. Enfin, dorénavant, la tronçonneuse est une action contextuelle à déclencher près d’un monstre, au lieu d’une arme à dégainer. Il vous faut toujours du fioul pour la faire tourner, et un plein pour dégommer les gros loustics. Sinon, attendez qu’elle recharge au bout de quelques secondes pour pouvoir au moins découper de la piétaille. Et vous allez le vouloir, car votre survie en dépend.
« Tuerie… Multi tuerie… Ultra tuerie… Vous êtes un DIEU ! »
L’idéal à atteindre, c’est de pouvoir utiliser tout ceci à la chaîne (glory kills, tronçonneuse, lance-flammes et canon d’épaule), maximisant les dégâts mais aussi les bienfaits. Car les bénéfices sont spécifiques suivant l’arme :
- Le glory kill lâche de la santé ;
- La tronçonneuse génère des munitions ;
- Le lance-flammes “allume” vos ennemis, qui perdent des pièces d’armures pendant qu’ils brûlent ;
- Le canon à épaule peut étourdir ou paralyser les démons une fois bien optimisé, et éventuellement, leur faire lâcher aussi de la vie ou de l’armure.
Doom Eternal étant un sacré morceau niveau combats, vous allez vouloir (et devoir) prendre le coup de main. Vous perdez vite de la santé et des munitions dans cette foire infernale grouillante de salopards. Pour récupérer de quoi survivre et shooter, dégainer la tronçonneuse et le lance-flammes finit par devenir une seconde nature.
Et les armes ? Dieu merci (à moins que ce ne soit Satan), elles sont d’Enfer. Il n’y a plus de pistolet, c’est pour les minets. Vous commencez direct avec le shotgun puis, rapidement, vous trouvez la mitrailleuse, un lance-patates démoniaque, le VRAI fusil plasma revenu des jeux originaux, la Baliste (un rail gun bourrin), etc. Bien sûr, chacune a ses améliorations et elles sont énormes. Mention spéciale au canon rotatif et au super shotgun. Les mods du premier en font l’arme la plus polyvalente du jeu. Quant au second, son grappin permet de se jeter en ligne droite sur un ennemi et d’en esquiver d’autres en même temps. En plus, une fois optimisé, il vous permettra de glaner des pièces d’armures supplémentaires. Un must.
Évidemment, le légendaire BFG est de retour, cette fois avec son propre slot d’arme. La place de l’arme spéciale est désormais attribuée au Creuset, une épée de l’Enfer dont vous aurez sacrément besoin dans les derniers niveaux.
Doom Eternal, ou le paradis du geek
Déjà, en plus d’une brouette de nouveaux ennemis retors, les monstres ont été redessinés pour ressembler davantage à leurs ancêtres de 1996. Ensuite, entre les missions, vous retournez chez vous, dans la Doom Fortress. Il s’agit d’un hub plutôt vide au début, mais qui devient vite un nid d’easter eggs à destination des fans (et des fans d’Id Software en général). Mais pour en profiter, il faut faire un peu de backtracking.
Comme son aîné, Doom Eternal encourage l’exploration et la rejouabilité, sans être trop exigeant non plus. Durant vos missions, si vous êtes curieux et patient, vous pouvez trouver et dénicher des figurines comme dans l’opus de 2016, que vous pouvez ensuite admirer sur vos étagères. Vous trouverez aussi des piles d’énergie permettant de déverrouiller des bonus exposés en vitrine dans votre forteresse, ou des disques vinyle que vous pourrez écouter une fois de retour (que des classiques tirés des jeux précédents du studio).
On n’oublie pas non plus les codes de triche pour rejouer en mode « total badass » (munitions infinies, invincibilité, encouragements de la foule, etc.). Des arènes, six au total, se trouvent également éparpillées dans les niveaux. Si vous survivez à toutes, une fois de retour a casa, vous pourrez débloquer la dernière arme du jeu. Oh, et est-ce que ça surprend quelqu’un si on vous dit que vous pouvez jouer aux Doom classiques sur un vieux PC, sous certaines conditions ?
Histoire de
On l’a dit au début, Doom Eternal démarre sur les chapeaux de roue sans se justifier ni expliquer grand chose. Vu le genre et le gameplay, on vous pardonne si vous zappez les documents à lire trouvés en chemin. Vous pouvez aussi sauter les rares cinématiques jalonnant l’aventure, mais vous ne saurez pas pourquoi les choses ont dégénéré à ce point depuis le dernier jeu, comment toute cette histoire d’Enfer inter-dimensionnel a commencé, et qui est vraiment le Doom Slayer. Il était déjà badass, mais une fois ses origines révélées, il devient carrément légendaire.
Je vais être honnête : je n’ai pas pu m’empêcher de « binge play-er » Doom Eternal pendant deux jours pour tout faire et tout avoir. D’habitude, je ne suis pas si faible. C’est juste le jeu qui est très fort. Éradiqueur de concurrence, tueur de vie sociale, massacreur d’obligations professionnelles, pourfendeur de déprime, amplificateur de mauvaise foi (« c’est pas ma faute, c’est le jeu ! »), Doom Eternal est tout ça à la fois. C’est aussi un jeu vidéo qui a pris le mot « jeu » très au sérieux et soigné sa campagne aux petits oignons.
Par comparaison, la campagne de Halo 5 (le Doom Slayer ressemble beaucoup à Master Chief) était irritante en solo, multi déguisé où l’on se sent souvent impuissant. Je n’ai jamais éprouvé cela ici. J’ai été emballé par le level design, linéaire mais savamment élaboré. La direction artistique m’a constamment émerveillé. La mobilité du Slayer est un incomparable régal. Et la difficulté est parfaitement étudiée, offrant un défi adapté à ceux qui voudront s’y frotter. Loué soit le Saigneur.
LES + :
- Haut en couleurs.
- Violent comme l’Enfer.
- Nerveux comme ma mère.
- Bourrin et stratégique à la fois.
- Une vraie campagne solo, étudiée aux petits oignons.
- Une foule de bonus et d’easter eggs.
- Le Doom Slayer.
LES – :
- Si vous êtes plutôt axé “multi”, le jeu est anorexique, de ce côté-là.
- Bon courage pour faire mieux dans le troisième, les gars. On y croit !