Uncharted : The Lost Legacy

Nathan Drake Chloé Fraser is back ! Après une intro en fanfare dans Uncharted 2, puis son éviction progressive de la franchise, la belle australienne prend enfin du galon, et se paie non pas un DLC mais carrément son petit jeu à elle ! Et comme on est une grande famille dans la série, rien ne se perd et tout se recycle. On ne parle pas ici du canevas « Indianajonesesque » à base de chasse au trésor, mais du retour de Nadine Ross. L’antagoniste badass d’Uncharted 4 est obligée ici de se refaire une santé financière en tant que partenaire/garde du corps de Chloé. Leur association va faire des étincelles, encore plus quand leur quête implique de tirer dans les pattes du très vilain Asav. Ce facho à lunettes est très impatient de se payer un coup d’état, à condition qu’il soit preum’s à poser la main sur la mythique défense brisée du dieu hindou Ganesh.

Depuis sa sortie le 23 août dernier, on a souvent reproché à Uncharted : The Lost Legacy de n’être qu’un mini Uncharted. Mais « mini » ne veut pas dire « demi », bien que la durée de vie soit (presque) divisée par deux comparé à son grand frère. La vraie (et seule ?) différence réside bien là toutefois. Avec environ huit heures pour emballer le tout, cet « héritage perdu » parvient à abattre toutes ses cartes avec une redoutable efficacité, sans que son rythme en paraisse brusqué ou étiré.

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Son intrigue ressert les « clichés » de la série avec bonheur et sans paresse, la qualité artistique saluée depuis l’épisode 2 (décors et mise en scène) est toujours là, l’histoire est un prolongement bienvenu et cohérent de celle d’Uncharted 4, la furtivité du joueur est davantage récompensée par un système de coffres à déverrouiller au passe-partout (renfermant avec de la chance un chouette pistolet avec silencieux), et le jeu hérite même d’une plus grande variété d’armes issues de son mode multijoueur. Bref, sans surprise, cet Uncharted n’invente rien mais il le fait très bien. Encore faut-il savoir maintenant ce que l’on est venu chercher en osant l’aventure en mode « Chloé ».

DLC, pas DTC

Dans son effort d’émuler encore davantage le cinéma d’aventures, Naughty Dog s’est approché toujours un peu plus près du soleil, du Saint Graal que représente pour certains le film jouable. Mais c’était quitte à se brûler les ailes au passage. Quand on fait le tour des avis sur le net, deux axiomes semblent être venus à l’esprit des joueurs une fois le jeu bouclé : « la perfection n’existe pas », et surtout, « qui aime bien châtie bien ».

Uncharted : The Lost LegacyCe jeu est si beau que même Chloé ne peut s’empêcher de le prendre en photo.

« Qui aime bien châtie bien » parce qu’il faut croire que malgré toutes ses qualités, il n’y a pas de quoi être satisfait de Uncharted : The Lost Legacy. Ou plutôt « si, maiiiis…. » Malgré les promesses tenues à 110 % par ses concepteurs, malgré une formule parfaitement digérée et concoctée par le duo de « réalisateurs » (ceux d’Uncharted 4 étant partis sur The Last of US, part II), malgré une technique à tomber par terre, malgré des phases de cache-cache inédites (dans la franchise en tout cas), malgré enfin un prix de lancement (mais constant chez certaines enseignes) de « seulement » 30 €, on lit quand même ici et là que Uncharted : The Lost Legacy mouline dans le vide, que la franchise n’a plus de jus, que c’est bien mais que c’est une honte, de la flemme, du vol etc.

C’est sûr, Naughty Dog se fout de nous, quand on sait qu’ils nous concoctaient soi-disant un DLC de 3-4 heures et qu’on se retrouve avec un épisode entier, certes plus court, mais quand même plus fourni qu’une mission annexe ou un scénario bonus à peine jouable, à la limite de l’expérimental (Resident Evil VII, c’est toi que je regarde avec ton DLC à la pseudo partie de poker cradingue).

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Cinémâle

Dommage que beaucoup des articles que j’ai lus se focalisaient davantage sur le casting féminin du blockbuster. A force d’avoir les yeux ailleurs, ceux qui militent pour l’initiative autant que ceux qui la trashent sont légitimement passés à côté du meilleur de la franchise. Cela reste néanmoins un bon point par lequel commencer.

Uncharted : The Lost Legacy propose donc deux femmes fortes n’ayant rien à envier aux héros virils (et un peu trop torturés) du cinéma d’action et d’aventures contemporain, encore moins quand arrivera sur grand écran l’épouvantable adaptation de Tomb Raider (voir bande-annonce ici). Cela ne fait pas tout, mais c’est certes réjouissant. En plus d’étoffer deux personnages déjà appréciés des fans, ce nouvel opus permet à leurs talentueuses interprètes d’user un peu plus de leur talent et de leur charme… vocal. La grande gueule de Chloé (Claudia Black) et l’accent prononcé de Nadine (Laura Bailey) font claquer comme des fouets leurs dialogues chargés de références et remarques bienvenues.

Uncharted™: The Lost Legacy_20170823164530Contemplation, exploration, cache-cache… l’aventure est toujours aussi variée.

Il est certes dommage que l’intrigue raccourcie ne leur permette pas d’exister autant que Nate et son frère Sam dans le précédent épisode. Pire, elle sert à Chloé une histoire familiale sentant le réchauffé. Toutefois, « Du bon usage des clichés » pourrait être le titre d’un manuel de référence des développeurs depuis Uncharted 1, et on ne niera pas que cela fait partie du plaisir de jeu.

Mais ce nouveau chapitre n’a jamais eu pour but d’apporter du « vrai » neuf, et cela n’a d’ailleurs jamais été l’ambition de la série entière. On a dit plus haut que les promesses avaient été tenues, et il n’a jamais été question d’un Uncharted 5 déguisé, mais de prolonger le plaisir du 4. Uncharted : The Lost Legacy offre dans ce sens une plus grande légèreté de ton que son grand frère, l’humour étant plus mordant dans son dernier tiers, sans parler de son sympathique générique de fin sur fond de pop indienne.

Uncharted™: The Lost Legacy_20170824185245Ah, ces dames… Belles et cou***ues à la fois.

« You win ! Perfect ! »

« La perfection n’existe pas », vous vous rappelez ? Pourtant quand on regarde de près, depuis Uncharted 2 : Among Thieves, la saga n’a pas cherché à se réinventer, mais à se perfectionner, à repousser les limites de gameplay offertes au joueur. L’exemple le plus frappant concerne l’évolution de la scène de poursuite à travers la franchise.

Rail shooter dans le 1, les développeurs lui ajoutèrent d’abord une jouissive partie de « saute-camions » dans Uncharted 2, puis la possibilité de poursuivre lesdits camion à cheval dans le 3. Ils troquèrent ensuite le cheval contre des jeeps et permirent carrément d’en prendre le contrôle de façon fluide et dynamique, sans parler de l’usage de ouf réservé au grappin. Une mobilité et une implication démente qu’on croyait difficile de repousser.

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Uncharted : The Lost Legacy en rajoute pourtant une couche avec son climax généreux et bourrin, une course-poursuite sonnant comme un hommage déguisé au monde merveilleux de Chuck Norris (au féminin). La poursuite est certes scriptée, et son environnement rappelle un peu trop celui culte d’un épisode antérieur. Par contre, sa mobilité est aussi hallucinante que jouissive.

On y mélange tout à la fois : course motorisée, fusillade, haute-voltige, et même baston en QTE aux mécanismes hérités (et là aussi un poil améliorés) du final d’Uncharted 4. Jouer au héros d’action est un kiff qui s’est bonifié dans la franchise au fil des épisodes, et Uncharted : The Lost Legacy repousse encore un peu la limite établie par son prédécesseur il y a seulement un an.

Uncharted™: The Lost Legacy_20170825011056Tous les films d’action des années 80 dans un final grandiose qui n’invente rien, mais fait tout ce qu’Uncharted a déjà fait encore un petit peu mieux.

On peut comprendre que tout le monde n’adhère pas uniquement à la baston et aux explosions. Mais quand il ne fait pas « boum », le jeu renvoie avec brio et sans gratuité aux passages les plus mémorables des productions existantes du studio, et donnant la part belle à la contemplation, l’infiltration, l’exploration et même la réflexion. Très honnêtement, après autant d’épisodes, je suis surpris que les auteurs arrivent encore à nous pondre de nouveaux puzzles, certes pas compliqués mais aux mécanismes inédits. C’est à croire qu’on aime bien se passer la pommade chez Naughty Dog, mais quand on peut se le permettre, ce n’est pas un crime.

Petit retour enfin sur la durée raccourcie de cet opus, qui le rapproche davantage de l’expérience cinéma. On n’a pas le temps de s’ennuyer. A la progression légèrement en dents de scie de l’épisode précédent succède une véritable montée en puissance jusqu’au fameux chapitre final, par ailleurs osant tourner le dos à la chasse au trésor – sacrilège ! – pour peut-être, qui sait ?, ouvrir la franchise ou ses possibles spin-off à d’autres horizons.

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The Lost Best-of

C’est drôle : plusieurs films au cinéma ont dernièrement utilisé le sous-titre « Legacy » à tort. Cet Uncharted, plus cinématographique et réussi que bien des blockbusters du genre, a raison de l’employer : il en recycle le meilleur avec un talent qui frôle l’indécence. Parti pour n’être “que” un DLC, cet épisode a revu ses moyens à la hausse sans perdre de vue son ambition de prolonger une expérience de jeu déjà excellente.

On a finalement mieux que ce qu’on espérait. Uncharted : The Lost Legacy se savoure plus que jamais comme une bonne grosse série B d’action et d’aventures, alternant plus rapidement et harmonieusement qu’avant ses cinématiques avec diverses phases de gameplay, répétant parfois mais ne singeant jamais ce que le studio a fait de mieux en la matière. Bref, le jeu « hérite » bien de sa lignée, et si jamais l’aventure devait demeurer sans lendemain, on se sera bien amusé. Moi en tout cas, j’ai rarement fini un jeu avec une telle banane au coin des lèvres.

LES + :

  • Un véritable concentré d’Uncharted. Tout est là, sauf le gras.
  • Mon Dieu, ce final bourrin ! On n’a jamais aussi bien “vécu” un film d’action.

LES – :

  • En tant que concentré d’Uncharted, l’expérience peut sembler bien courte.

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