Vous connaissez ces jeux sur lesquels vous avez bavé petit et n’aviez pas pu jouer ? Il n’est jamais trop tard pour se rattraper. Aujourd’hui, on repart sur Mars pour mener la révolte dans Red Faction, sur PS2. Du plaisir et des regrets, des sourires et des larmes, au gré d’une partie qui ne m’a laissé aucun répit.
Décidément, la planète rouge a la cote en ce moment, après mon test de Doom 3 quelques mois plus tôt. Sauf que cette fois, on n’y va pas pour flipper, mais pour flinguer du nazi de l’espace dans la pure tradition du FPS d’époque. À ce titre, Red Faction impressionne pas mal pour son année de sortie (2001), tant au niveau de la narration que du gameplay. Mais même s’il apprend des meilleurs, le jeu de Volition Inc. se heurte malheureusement à des écueils qui lui sont propres. Mais ne brûlons pas les étapes.
Tu casses tout sur Mars
Dans Red Faction, vous jouez Parker. Ce couillon s’est dit qu’aller bosser dans les mines martiennes avait quelque chose de « mystérieux et romantique », dixit son intro en voix-off. Manque de bol, sur place, les choses tiennent du cauchemar. Les mineurs se font tabasser et humilier par les gardes d’Ultor, la compagnie qui tient les rênes. Et pour ne rien arranger, une peste d’origine inconnue décime les rangs des travailleurs opprimés.
C’est une nouvelle journée qui commence quand le mineur faisant la queue devant vous se prend la tête avec le garde du point de contrôle. Ils s’entre-tuent et, malheureusement, les autres fachos tirent dans le tas, vous forçant à vous défendre avec ce que vous trouvez. Ça commence avec un bâton électrique et un flingue, puis rapidement, du C4 et un lance-roquettes ! Ainsi, vous pouvez vous creuser littéralement un chemin à travers les murs de la mine.
Il ne se passe pas cinq minutes quand Eos vous contacte. Elle est la leader des rebelles, la fameuse Red Faction. Puisque vous semblez si doué pour shooter des soldats armés en masse, elle requiert votre aide. Sans vouloir vous stresser, vous êtes visiblement le seul gars compétent pour contrecarrer Ultor, trouver un remède à la peste et sauver Mars…
On se marre sur Mars
Red Faction, c’est un peu comme si on adaptait le film Total Recall à la manière de Half Life. Déjà, comme dans le film avec Schwarzenegger, buter des salauds devient rapidement fun, grâce à un armement pléthorique à la puissance parfaitement rendue. Designs et sons traduisent bien la particularité de chaque arme : flingue, fusil à pompe, mitraillette, mitrailleuse, mitrailleuse lourde, sniper basique, sniper militaire, rail gun, C4, lance-roquettes et méga lance-roquettes, vous avez le choix ! En plus, chacun dispose d’un tir secondaire. Il faut voir l’animation des gardes soufflés à bout portant par la double rafale du pompeux…
À cela s’ajoute le « Géo mode », permettant des destructions en temps réel de l’environnement. Il s’agit davantage d’une esbroufe révélant rapidement ses limites. On ne peut démolir que des piliers ou des murs prévus pour l’être. Pas grave, car ledit mode fait très bien son numéro. Le premier niveau dans les mines vous permet de percer des galeries partout. Et fréquemment, la solution pour avancer consiste à péter le mur à côté d’une porte ou vous séparant d’un poste de contrôle. Assez trippant.
Enfin, la progression du héros de Red Faction partage des similitudes avec celle du célèbre Gordon Freeman. D’une part, vous suivez la narration en continu, simplement freinée par de fréquents temps de chargement (mais c’est l’époque qui veut ça). D’autre part, vous êtes équipé d’une combinaison rouge-orangé, à l’instar du héros de Half Life. Mais si la « HEV suit » augmentait l’endurance et la force de Freeman, ici, Parker bénéficie d’un casque étanche lui permettant de respirer sous l’eau et à la surface de Mars. Logique et pratique.
Mars vous éclate
Les sensations de tir sont très bonnes. Toutes les armes de Red Faction sont un plaisir à manier, et l’imprécision de la visée au pad est compensée par un lock semi-automatique. Les déplacements sont remarquablement fluides, tant à pieds que lorsque vous contrôlez un submersible ou un aéronef. Quant à la technique, les environnements sont basiques et fermés (galeries, labos, hangars, etc.) mais ils sont très bien modélisés. Enfin, les éclairages sont excellents, et confèrent souvent leur identité à chaque secteur. Certes, le doublage français est plutôt bof et l’écran de sauvegarde affiche une faute d’ortho impardonnable. Mais sinon, l’expérience est assez géniale.
Red Faction a beau être linéaire et avoir vieilli techniquement, selon moi, il est aussi mémorable, fun et bien rythmé que les cadors de l’époque… jusqu’à son point de rupture. Pendant un moment, la progression est confortable sans être facilitée, malgré deux séquences d’infiltration gavantes. Mais le jeu devient rapidement et effroyablement punitif une fois que vous pénétrez son troisième et dernier acte. En plus, il propose des phases de jeu beaucoup moins plaisantes à jouer.
Cette fois, vous affrontez des soldats surblindés, surarmés et aux réflexes surhumains. Donnez-leur en plus une acuité visuelle de 20/10 et un rail gun entre les mains, et vous comprenez ma douleur. One-shoté à chaque détour de couloir. Sans parler des tanks rouillés qu’on vous donne à manier ou des cinquante couloirs de la mort que le jeu vous sert pour rehausser sa difficulté. Après m’avoir fait les yeux doux pendant ses deux premiers tiers, Red Faction me montre ses fesses. De plus, on ne peut sauvegarder que manuellement, ce qui implique de sortir de l’action toutes les deux secondes pour espérer en voir le bout. Grrrrrrr…
Red Faction, ou Mars pour les maso
Peut-être que mon ressenti est renforcé par le fait que j’ai dû me taper Red Faction trois fois, oui, TROIS. La première sur ma PS2 standard, avec une carte mémoire trop pleine et un seul emplacement de sauvegarde. Arrivé à un cinquième du jeu environ, il me fallait des explosifs pour faire péter une cloison. Sauf que je n’en avais plus, que le jeu ne m’en donnait pas, et que la porte derrière moi était définitivement fermée. Grrrrr, pas grave. On recommence. Deuxième tentative. Ce coup-ci, tout va bien pendant plus des deux tiers du jeu. Je sauvegarde, je vais manger, je reviens, et là, PAF ! Sauvegarde corrompue et chargement impossible. Gnééééééé….
Troisième tentative. On ne rigole plus. Je déballe la Playstation 3 Fat rétrocompatible (objet sacré que je ne sors que pour les grandes occasions). Je re-recommence, curieusement avec autant de plaisir que les deux fois précédentes, surtout avec une définition rehaussée qui me fait me dire que oui, le jeu est resté beau. Cette fois, je fais quinze mille sauvegardes, et je passe le jalon critique.
C’est après le point de ma sauvegarde corrompue que les choses se gâtent sérieusement. Je maudis ma mère de m’avoir mis au monde, et je brandis un marteau au-dessus de ma console de collection. Malgré ces soucis inattendus de maniabilité et de difficulté, je persiste et j’arrive au boss final. Je parviens à le tuer à l’aide… d’un bug l’immobilisant. Mais le jeu n’arrête pas là. Tu voulais respirer ? Va ch***. Il reste une trentaine de secondes pour désamorcer une bombe sans explications. Le temps de piger ce qu’il faut faire, boum ! Gaaaah, Maman, j’ai pas sauvegardé après le boss. Raaaaaaaaah !
Il y a donc un vrai souci d’équilibrage de la difficulté dans Red Faction. Malgré tout, je le recommande vraiment pour sa première partie très réussie, son shooting immersif, le charme de sa direction artistique, et surtout pour le prix ridicule où vous le dégoterez. Mais soyez averti : si vous y jouez, avant la ligne d’arrivée, Mars va vous casser.