Mike Banning (Gérard Butler), le héros qui a lutté contre la chute de la Maison Blanche, puis celle de Londres, ne sert plus le même président. Dorénavant sous les ordres du Président Trumbull (Morgan Freeman), il est à deux doigts de devenir le nouveau directeur des Services Secrets. Dommage que Mike traverse un grosse crise de confiance, entre une commotion cérébrale gênante, un inquiétant tassement de vertèbres, et la peur de quitter le terrain pour de bon. Les choses ne vont pas s’arranger quand le pauvre devient le seul garde survivant à une attaque spectaculaire contre Trumbull. Or, des preuves irréfutables le rendent directement responsable de la chute du président. Ce dernier, dans le coma, ne peut pas prendre sa défense. Pas le temps de dire « oups » que des mercenaires essaient de faire disparaître Banning pendant son transfert. Mais bien sûr, il s’en sort. Il se lance alors dans un remake burné du Fugitif pour trouver les coupables et laver son nom…
L’important, ce n’est pas la chute
La série des La Chute de… est miraculeuse. Pas pour ses qualités, mais pour avoir vivoté jusqu’à sortir un troisième opus. Comparé aux (premiers) Die Hard, à Mission:Impossible, à Rambo et aux Fast and Furious maintenant, les aventures de Mike Banning ne feront pas date. Les suscités ont plus de moyens et/ou d’idées spectaculaires. La Chute de la Maison Blanche (2013) et La Chute de Londres (2015) se rangent plutôt du côté des Expendables et Transporteur. C’étaient des plaisirs coupables pour les amoureux de l’action bien remontée et des têtes au carré.
Bien sûr, pour apprécier cette saga, il faut la prendre comme il faut. Pour un américain moyen, élevé au chant patriotique et habitué aux divertissements étoilés, ce sont des films parmi les plus sérieux du monde. Les États-Unis, ils sont trop beaux, ils sont trop forts, et tout le reste du monde il est méchant. Un discours réac, limite facho et parfois pas loin du nazisme. Dans La Chute de Londres, il faut entendre Banning faire la leçon au vilain en chef pendant qu’il le rouste. Entre deux mandales, il lui jure quand même ses grands dieux que l’Amérique vivra encore « pendant mille ans après ça ». Hem. Awkward.
Béni soit Banning ?
Mike Banning, sous les traits de Gérard Butler, est l’hybride parfait entre John McClane et Chuck Norris. Mari et (futur) père de famille, un poil vulnérable, il est tout de même capable de flanquer la pâtée à tous les ennemis du monde libre, de donner des leçons de courage aux SAS british, et de tuer froidement ses amis proches si cela s’avère nécessaire. Un mec crédible et adorable, quoi.
Heureusement qu’il y a le charme bovin de son interprète pour titiller nos zygomatiques. L’un des contre-arguments justifiant la pérennité de la franchise jusqu’à aujourd’hui, c’est bien Gérard Butler. Il est le premier à croire de sa bonne blague, et à donner tout ce qu’il a. Aussi anachronique que les héros d’Expendables, Banning est un action man et une machine à punchlines d’une époque révolue. C’est grâce à lui, et à une action monstrueusement débile, que la franchise a trouvé son public en dehors des États-Unis (essentiellement des trentenaires et quadras nostalgiques de leur enfance).
Place au spectacle
Envoyons donc bouler la politisation craignos de la série (ce que fait La Chute du Président). De toute façon, sa pertinence ne dure jamais dans le temps. Ce qui compte est dans le titre, à savoir la chute de quelque chose. Dans le premier, ladite chute de la Maison Blanche était le cœur du spectacle (attaquée par une armée de coréens en shorts brandissant des lance-roquettes !). C’était invraisemblable, mais on ne voyait pas ça tous les jours. À cause de ça, le reste du film, pillage honteux et mou de Piège de Cristal, retombait comme un soufflé.
La Chute de Londres était encore plus cheap (coucou les explosions en CGI) qu’improbable, renouant avec l’esprit du film Invasion USA. Les terroristes sont partout tout le temps, poussant les héros à cavaler dans ce qui ressemble à un projet rejeté pour une saison de 24 Heures Chrono. Mais la mayonnaise prend si l’on veut bien. Malgré la tendance du film à prendre son absurdité trop au sérieux, il se montrait généreux, quitte à voler quelques trucs et astuces éprouvés chez la concurrence (comme des plans hérités de Jason Bourne).
La chute du président, c’est comment ?
Le titre du troisième volet est tel qu’il est uniquement pour garantir la cohérence entre épisodes. Malgré son titre français, La Chute du Président ne consiste pas (pendant une grande partie, du moins) à protéger le président. On a alors des raisons de craindre qu’en perdant « le concept », on perdrait en intérêt et en qualité. Mais en vérité, les dernières aventures de Banning sont globalement les plus réjouissantes à regarder, à tous les niveaux.
Déjà, en prenant totalement ses distances avec un discours politique agressif. Ici, l’intrigue joue la carte de la machination, visant seulement à faire croire à des motivations politiques de la part d’une puissance étrangère. La Chute du Président conserve en revanche la tendance de la série à sur-simplifier ses motivations et rebondissements. Mais bon, après trois films, on n’est plus à une approximation près, ni à un écart de logique.
La plus-value bienvenue
Ensuite, parce que le scénario égrène ici et là des idées sympathiques. Des idées parfois brutales et/ou inattendues, comme l’attaque du début contre le président, ou la conclusion de l’enquête menée par le FBI. Les fusillades sont bruyantes comme il faut, et les combats et autres cascades brutalement efficaces. La baisse de tension n’est donc pas ce qui menace le film. Les fans seront conquis.
La Chute du Président compte également sur un humour plus présent, léger et bien amené. Après les vannes fascistes et les tortures grotesques perpétrées par Banning, ça fait du bien de rire d’autre chose (comme sa tentative d’arrestation par des péquenots).
Enfin, la franchise aimant les clichés, elle a choisi d’exhumer un dinosaure en la personne de Nick Nolte, dans le rôle de Papa Banning. C’est l’idée à la fois la plus convenue, la plus absurde, et pourtant la plus fraîche entre toutes. Elle apporte des touches supplémentaires d’humour et d’incongruité. Plus fort, les dialogues sur leur relation père-fils évidemment compliquée ne sont jamais forcés. Pour un film de ce genre, c’est une attention dans l’écriture qui mérite d’être félicitée.
Et maintenant, la chute
La Chute du Président n’est bien sûr pas avare en défauts. Mais ils sont imputables à sa formule « old school ». Le scénario ressemble encore plus à un ersatz de 24 Heures Chrono, et il est impossible de NE PAS deviner qui est un traître et qui est en cheville avec qui. Si la saga ne brille plus par son concept (baser le film entier sur une situation de siège), elle ne se démarquait jamais par son traitement.
Étrangement, c’est dans son traitement que le dernier né de la série parvient à se montrer dynamique, surprenant et amusant malgré ses lieux communs. La trilogie se clôture en s’affirmant comme un poids plume du genre, sauvé par ses grosses cojones. Pas de quoi révolutionner le Cinéma, mais pour qui est à fond dedans, La Chute du Président est un futur disque à ranger sur ses étagères, à côté des frasques de Chuck Norris et de Stallone.
LES + :
- Concernant l’action, le film fait bien le boulot.
- Quelques idées surprenantes ou bienvenues en matière de rebondissements, d’humour et de mise en place.
- La relation père-fils difficile, décrite avec une certaine justesse et sans forcer.
- Le patriotisme guerrier et un rien raciste s’est fait la malle, et ce n’est pas un mal.
LES – :
- C’est VRAIMENT cousu de fil blanc.
- Des réactions ou décisions des personnages parfois VRAIMENT tirées par les cheveux.