Sur la même planète où vivent les Angry Birds, si l’on en croit l’excès dégoulinant de CGI, bébé Sonic (Ben Schwarz) vit avec Longclaw, une nounou hibou. Sa mission est de le protéger, ainsi qu’un sac d’anneaux dorés permettant de voyager entre les mondes. Sauf que Sonic est si peu discret que des méchants pygmées le suivent jusqu’à chez lui après une de ses escapades. Ils attaquent, convoitant le pouvoir du petit hérisson bleu. Pour sauver Sonic, Longclaw ouvre un portail vers la Terre et lui confie les anneaux. Des années plus tard, dans la petite commune de Green Hills, Sonic a refait sa vie et est devenu la légende urbaine locale. Ça lui convient, jusqu’au jour où le gouvernement le remarque. Les huiles envoient alors leur atout le plus honteux, le Docteur Robotnik (Jim Carrey), pour le trouver et l’étudier. À la suite d’une série d’incidents malheureux, le shérif du coin, Tom (James Marsden), va devoir aider Sonic à échapper au savant fou…
Levez la main ceux qui s’attendaient à un échec total ? Surtout après le premier design de la bête. Soyons franc : Sonic, le film est dédié aux marmots. Il est donc parfois irritant, vraiment débile et dénué de sens. Pourtant, il est vraiment loin de la cata irregardable qu’on craignait. Bien sûr, pour ça, il faut faire le deuil de certaines choses.
Sonic, la pub
Les cinéphiles ne trouveront rien à manger ici. Sonic, le film sort du même moule que les comédies pour mioches typiquement américaines. L’humour pipi caca est fréquemment invoqué. La famille est le message du film. Et des incohérences totales salissent l’histoire. Sorti de Robotnik, les humains ne servent à RIEN. On sent les scénaristes à la peine pour justifier leur présence.
Sonic trouve toujours une excuse pour que Tom l’accompagne à San Francisco, ou pour qu’il l’emmène au sommet du Transamerica Building. Mais il peut traverser le pays entier en deux secondes ou courir sur les murs. Les moins de cinq ans ne seront pas chiants. Leurs grands frères ou leurs parents, par contre…
Il y a aussi l’argument : Sonic vient dans notre monde. Ce compromis n’est pas si mal. Rendre Mario humain n’avait pas réussi au plombier à l’époque (voir ici, brrrrr). On acceptait mieux le décalage quand les « mortal kombattants » se rendaient dans l’Outremonde (aaaaah, nostalgie). Mais Sonic, le film ne joue pas seulement la carte du prequel. Il réécrit la mythologie du hérisson.
Perso, je suis fan du personnage depuis son apogée sur Megadrive. Et il a déjà côtoyé des humains, pour le meilleur comme pour le pire. Mais beaucoup de joueurs se souviennent du pire. Cette nouvelle itération peut donc fâcher, malgré des easter eggs malins. Un « simple » film d’animation aurait eu plus de classe. Mais bon, il faut commencer petit (budget). Le succès étant au rendez-vous, Sonic devrait vite rentrer chez lui.
Peur bleue évitée de peu
Dit comme ça, le film ne motive pas. Pourtant, après Tomb Raider et Détective Pikachu, il semble que les adaptations de jeux vidéo commencent lentement à muter en vrais films, qu’ils soient plus ou moins bons. Avec Sonic, le film, j’ai passé un moment… correct. Je suis même très curieux de découvrir la suite. Ceci pour deux raisons.
Déjà, le respect de l’univers. Les easter eggs sont intégrés au film, et non frottés à la face du spectateur. Il y a aussi le changement de design initial (pour une fois, les fans ont eu raison de gueuler !). Sonic ressemble à Sonic. Et même si c’est un personnage de dessin animé en CGI, on s’y reconnaît. Il est BEAUCOUP plus mignon comme ça.
Ensuite, il y a Jim Carrey. Il pourrait irriter un spectateur. Mais vous avez déjà vu un acteur donner tout ce qu’il a, et vous continuez à regarder grâce à cette énergie et ce plaisir communicatifs ? Il est possible de se sentir énervé par cette hystérie permanente. Mais il est impossible de ne pas respecter cette patate de tous les instants. Cela fait plaisir de le voir vraiment kiffer son travail. Après une longue période de déprime, on retrouve l’interprète du Sphinx et du Mask. Il en fait des caisses, mais on voit qu’il est heureux d’être dans Sonic, le film. Et franchement, difficile d’imaginer un autre dans le rôle.
Résumé supersonique
Le temps a beau abîmer le souvenir d’une chose, son cœur doit rester intact. C’est le sentiment qui ressort après visionnage. On reconnaît le hérisson et son lore, tout comme on retrouve l’interprète de sa Némésis. C’est drôle quand on y pense : les deux étaient au pic de leur popularité à la fin des 90s. Le « Blue Blur » et « Looney Bin » Jim avaient peut-être besoin l’un de l’autre. Sonic, le film a le droit de ne pas être un grand film (ni même un « bon » film, suivant où l’on se place). Mais vu sous cet angle, on peut le qualifier de réussite.
LES + :
- Sonic, ses amis et son univers sont respectés.
- Jim Carrey, fantastibulairement débordant d’énergie.
- Maintenant que les présentations sont faites, je suis curieux de voir la suite.
LES – :
- Le fait qu’à un moment, l’équipe du film ait envisagé ce premier design hideux.
- Jim Carrey, fantastibulairement énervant pour certains.
- Les humains sont là pour meubler (et c’est parfois embarrassant pour qui a un cerveau).
- C’est essentiellement un film pour les petits (et c’est parfois embarrassant blablabla).