Lisbeth Salander, c’est un peu devenu le Batman du mouvement #MeToo à Stockholm. Dès qu’un mec abuse de sa femme, elle lui refait la face et nique sa vie. Parce qu’elle accepte aussi les boulots payés, elle hacke la NSA et vole le programme « Firefall » pour le compte de son créateur, un ex-employé de l’agence repenti. Ledit programme permet à qui peut s’en servir (en l’occurrence, un enfant autiste !) de prendre le contrôle de tous les systèmes d’armement nucléaire du monde. Malheureusement, une mafia connue sous le nom des « Araignées » va rapidement la piéger et la dépouiller de Firefall…
Avant de parler de Ce qui ne me tue pas, le film, j’avoue n’être ni connaisseur, ni particulièrement fan des livres originaux, et pas davantage du très mercantile opus 4 écrit par David Lagertcrantz et sorti en 2015. On va donc se concentrer sur les qualités du présent titre en tant que film à part entière.
Réalisé par Fede Alvarez (Evil Dead 2013, La Maison des Ténèbres), Ce qui ne me tue pas est un soft reboot de l’univers initié par la saga littéraire Millennium. Nouveau casting (pas formid’), nouvelle ambition (rameuter du monde), il tente cependant curieusement de s’insérer dans la continuité de David Fincher. Il y parvient plus ou moins, grâce à son esthétique glaciale plutôt bien travaillée, ainsi que son générique jamesbondesque malheureusement moins percutant que chez le papa de Se7en.
Ce qui ne me tue pas me rend plus Bond
Et de James Bond justement (ou Jason Bourne), Lisbeth tente de devenir le pendant féminin. Du moins, c’est ce que Sony essaie visiblement de faire. Il faut dire que le personnage se prête bien au jeu, avec son caractère asocial, son charisme et ses talents de hackeuse sur-développés. En plus, l’histoire implique la NSA et une espèce de sous-Spectre surnommé les Araignées (ç’a autant d’appendices qu’une pieuvre, ça tombe bien) ! Il fallait s’attendre à des facilités et à des libertés dès l’annonce d’adapter l’opus « non original » de Lagercrantz. La première bande-annonce fortement orientée action (nervosité que le film ne délivre pas tant que ça) nous l’a ensuite confirmé. Ce qui ne me tue pas n’avait de grandes ambitions qu’en apparence.
Après l’accueil mitigé du très bel exercice de style de Fincher, Sony a mis deux fois moins d’argent dans Ce qui ne me tue pas (et son casting) afin de doucement rentabiliser. Si Claire Foy n’a pas à avoir honte, elle fait pâle figure face à Noomi Rapace (la primeur) et Rooney Mara (la flippe). Le reste n’a jamais autant de temps de présence malgré l’importance supposée de leurs personnages. Le nouveau Mickael Blomkvist (Sverrir Gudnason) a le mérite d’être là, même si on ne sait pas pourquoi, vu le peu d’importance qu’il a. Quant à Camilla (Sylvia Hoeks), rien moins que la sœur de Lisbeth, son manteau rouge vif en dit plus sur son personnage que son interprétation si brève.
La fille qui brassait de l’air
Mais à part ça, Ce qui ne me tue pas est-il aussi mal confectionné qu’opportuniste ? Non. Pas dans son optique de pur divertissement du week-end. Il fait exactement ce qu’on attend de lui : c’est un polar dans l’air du temps. Du piratage informatique « finger in the nose » à la prescience de l’héroïne, en passant par ses rebondissements téléphonés ou un bon gros surfing sur la vague du MeToo… Le nouveau film de Fede Alvarez est exactement ce qu’on lui a demandé. C’est aussi un tout petit peu plus que ce qu’on en attendait, grâce au talent d’artisan du monsieur, confirmé ici après ses deux premiers efforts. Il émaille ainsi son film de quelques morceaux de bravoure ni trop brefs ni too much, qui auront au moins le mérite de ne pas disparaître de nos mémoires aussi vite que l’interprète de Blomkvist.
A voir avec le temps si Ce qui ne me tue pas initie la nouvelle franchise espérée par le studio. Mais bon, vu le résultat, pourquoi pas, à condition de se fouler pour transformer l’essai.
LES + :
- Belle photographie et ambiance.
- Quelques scènes mémorables.
LES – :
- Dur de passer après Fincher.
- Un scénario convenu et prévisible.