Vous connaissez ces jeux sur lesquels vous avez bavé petit et n’aviez pas pu jouer ? Il n’est jamais trop tard pour se rattraper. Aujourd’hui, je fais connaissance avec Super Castlevania 4 sur Super Nes. Un jeu sorti bien avant que la franchise s’épuise, que les adaptations ciné de jeux vidéo se ridiculisent, et que la sienne devienne heureusement une arlésienne sur grand écran.
Au rayon “plateformer/ beat them all” fantastiques et colorés, aujourd’hui, il y a surtout Kratos et God of War. Mais avant, c’était Simon Belmont et sa dynastie, éternels ennemis du compte Dracula et seconds meilleurs manieurs de fouet derrière Indiana Jones. Sorti en 1991 (un an après chez nous), il s’agit du remake bien déguisé du premier Castlevania sur Nes (1986), et sortit avec la Super Nintendo en guise de vitrine technique. Depuis, la franchise de Konami a connu des opus sur toutes les machines et de toutes les saveurs (bon ou mauvais, en 2D ou 3D), jusqu’à un fameux reboot en 2010 (Lords of Shadow). Mais au final, toute la saga tourne autour du même prétexte, à peine décliné au fil des saisons : Dracula se réveille, au 16e, 17e, voire 18e siècle, et le Belmont du moment (sauf en de rares occasions) doit aller lui maraver la face. De toutes les itérations, Super Castevania 4 est une des plus connues et emblématiques. Aujourd’hui, est-ce toujours mérité ?
Beau comme un clair de lune
Sans surprise, l’intro met en avant ce fameux come-back du prince des ténèbres, avec mélodie et graphismes magnifiques. Ce qui rendait ce nouvel opus si attractif à l’époque, c’était son statut de démo pour les capacités révolutionnaires de la Super Nes (ah !, le mode 7 et ses zooms à gros pixels vantés à la télé). Pour le coup, ça claque comme le fouet du héros. Après la cinématique d’intro, un long travelling vers le haut dévoile le titre, incrusté dans un mur grouillant de sales bébêtes.
Et le reste ne déçoit pas. La variété et le design des décors et des monstres (gorgones, fantômes, squelettes, hydres, momie, chauves-souris, armures etc.) sont impressionnants. Cette inspiration fourre-tout (on cite autant Dracula que les films de fantôme, Frankenstein, la momie, et toutes les mythologies confondues), transforme votre parcours du château en véritable visite d’un Disneyland macabre. Quel dommage que la censure européenne ait viré les croix chrétiennes, les marées de sang rouge et les seins dénudés. Certes, tous les graphismes ne sont pas au même niveau (certains levels paraissent plus vides ou moins soignés que d’autres) mais on les parcourt vite et on n’a pas le temps de pinailler.
Quant aux effets de la console, ils sont employés à nous faire baver des yeux. Les scrollings différentiels vous accueillant dans les jardins du début, les chandeliers géants se balançant de gauche droite ou le tunnel aux murs tubulaires tournoyant sont des passages aussi courts que mémorables. C’est vrai qu’un quart de siècle plus tard, Super Castlevania 4 a vieilli (Simon ressemble un peu à une bouillie de pixels), mais sa débauche de couleurs et sa production value sont restés indémodables. On y (re)joue comme à l’époque, avec un émerveillement et une implication intacts.
Bloody soundtrack
Niveau son, là aussi, ça claque ! On remarque certes l’absence de vocales, qu’il s’agisse des monstres ou de notre perso badass, mais quand même aussi un nombre conséquent de bruitages travaillés (ce grincement quand je me balance au bout de mon fouet, brrrrrr). Ce sont toutefois les musiques qui marquent le plus les esprits. Si elles ne sont pas toutes mémorables, elles collent très bien à l’ambiance de chaque niveau (la chambre aux trésors, la salle de bal et ses fantômes…). Là encore, les prouesses de la Snes savent mettre en valeur l’expérience de jeu. On retiendra les remix de morceaux classes et indissociables de la série tels que “Bloody Tears” ou “Vampire Killer”. Manque d’inspiration ou fan service ? On rappelle que Super Castlevania 4 était avant tout un remake de l’original, on ne peut donc lui reprocher de telles reprises. Surtout quand elles sont aussi sympathiques.
“Ces murs qui tournent, ça sert à rien, mais c’est beau !”
Le gameplay mérite un coup de fouet
Ouille. Si on a évoqué la classe des effets de la Super Nes, ces débauches de style n’apportent en revanche RIEN au gameplay et c’est bien dommage. Eh oui, faire tourner ou zoomer les décors ne change que dalle à la manière de jouer.
Même s’il offre une diversité constante dans l’action (premier plan et arrière-plan, niveaux verticaux…), Super Castlevania 4 se joue comme Castlevania tout court, à quelques détails près, heureusement. D’abord, le fouet du héros peut partir en diagonale. Pratique dans certaines situations (monter ou descendre un escalier, assurer un atterrissage). Par contre, cette fonctionnalité donne souvent l’impression d’être plus gratuite que pertinente. Enfin, bougrement utile contre les attaques ennemies : la parade. Restez appuyé sur le bouton d’attaque et Simon gardera son manche de fouet levé. Cela permet ainsi d’annuler les tirs et autres projectiles.
Au niveau de ses déplacements, malheureusement, Belmont avance toujours avec l’aisance d’un camion-benne rouillé privé de levier de vitesses. On monte toujours les escaliers comme si on avait les pieds aimantés aux marches. Pas top quand les ennemis surgissent de nulle part pour vous faire tomber vers votre mort.
Heureusement que le déroulement de l’aventure prend en compte cette rigidité. Sorti des pièges usuels, votre arsenal (fouet, eau bénite, haches…) et le multiplicateur d’armes offrent une défense salutaire. Mais ce à condition d’avoir des réflexes et de l’anticipation. A vous de savoir comment le mieux vous équiper en fonction des passages et ennemis rencontrés. A ce propos, les boss sont pourvus d’un pattern précis qui, une fois maîtrisé, ne devrait pas vous embêter. Il paraît que cet opus est l’un des plus accessibles (= faciles) de toute la série. S’il vous faut commencer quelque part, je recommande donc celui-ci, sa progression étant linéaire et exigeante sans être frustrante.
Au final, Castle’a ne tienne !
Si on sent les 25 ans passés, Super Castlevania 4 a gardé son charme. Son âge lui en confère d’ailleurs encore plus. En y jouant avec un esprit vierge comme Bibi, on repense avec un sourire ému aux jours d’antan. Ceux où un jeu d’action et d’horreur gothique n’avait pas besoin de 3D, ni d’une histoire ou d’une jouabilité compliquées. Le jeu dispose de graphismes travaillés, de couleurs chatoyantes, d’effets maîtrisés… Ses musiques caressent les oreilles, et son bestiaire et son level design sont des plus variés. Généreux comme ça, on peut bien lui pardonner son gameplay un peu rouillé. Davantage en sachant qu’on a affaire à une remise à niveau de l’original plutôt qu’à une déclinaison paresseuse. Et Dieu sait qu’il y en eut par la suite…