Surtout connu pour des polars énergiques et carrés (Pour Elle, A Bout Portant, Mea Culpa), Fred Cavayé nous revient avec une comédie bien franchouillarde. Le genre populaire par excellence + Danny Boon + un argument se résumant à son titre : voilà de quoi nous faire légitimement craindre le pire. Le meilleur (le seul) réalisateur de bons films d’action français se retrouvait-il dans une impasse ou avait-il vraiment envie de faire ce film ?
De son propre aveu, démarcher pour faire ses trois précédents opus n’était pas de tout repos, on ne lui en voudra donc pas, pour une fois, de choisir une apparente “facilité” avec Radin. Facilité de choix à tout le moins, car la comédie est en réalité un genre plus casse-gueule qu’il n’y paraît. Mais l’on connait l’application de Cavayé et son amour d’un cinéma certes de pur divertissement, mais pas con pour autant (il avait refusé Die Hard 5 parce qu’il préfère un cinéma « plus près de ses personnages »).
Radin, pas j’menfoutiste
On ne reconnaît pas trop la patte du réalisateur, malgré quelques touches de style et références ciné (cf. la scène au restaurant). Radin fonctionne selon le canevas attendu : après un ch’ti et un hypercondriaque, Danny Boon incarne à nouveau un complexé grimaçant, François Gautier, dont la radinerie pathologique lui vaut d’être haï par tous. L’arrivée de sa fille biologique insoupçonnée et naïve (elle croit qu’il économise pour une cause humanitaire), ainsi qu’une série de quiproquos qui n’arrivent qu’au cinéma, vont chambouler les habitudes de cet émule de Picsou, et trèèèèèèès légèrement ses convictions. Même si c’est douloureux, François va entrevoir que donner, ça fait parfois du bien.
Le cahier des charges de Radin est rempli, qu’il s’agisse des mimiques du comédien principal comme des rebondissements exploitant à outrance le sujet. Les fourberies et les angoisses de Gautier (il faut le voir confondre son gentil banquier avec un psy), ainsi que les méprises lui sauvant bien souvent la mise, font preuve d’une belle inventivité. A l’inverse, certains dialogues et rebondissements sont forcés et tireront un peu trop la corde de la sensiblerie dans la dernière demi-heure. Mais si notre héros n’était « que » un connard, quel serait l’intérêt ?
Une comédie qui ne se paie pas le public
Si l’on imagine le contexte actuel inspirer son scénario (crise économique, tout ça), Radin ne milite pour aucune cause, n’a pas de vocation ni portée quelconque. A l’image de son réalisateur, il veut juste divertir efficacement son public, sans le prendre pour un imbécile ou une vache à lait. Le produit a du style, l’écriture carrée, l’humour jamais gras ni forcé, le casting motivé (Laurence Arné en tête)… Danny Boon trouve même l’occasion de se montrer plus émouvant que de coutume, notamment lors d’un discours forcé pour un gala de bienfaisance.
C’est bon Fred, la récré est terminée, on s’est bien amusés. Tu reviens jouer avec des flingues, s’il te plaît ?
LES – :
- Radin est une comédie à thème comme on en a fait (et raté) des paquets.
- Tout le monde n’aime pas Danny Boon.
- Je préfère “l’autre” Fred Cavayé.
LES + :
- Une comédie sauvée par une réalisation nickel et un humour jamais forcé.
- Si ça remet le pied à l’étrier de Cavayé, je lui pardonne.