Dans Gemini Man, Henry Brogen (Will Smith) est un tireur d’élite, le meilleur du monde. Il est capable d’abattre une cible à bord d’un TGV en marche à 300 mètres de distance. Mais il a la cinquantaine passé et des états d’âme. Il compte tout arrêter, mais le lendemain de l’annonce de sa retraite, des assassins essaient de le mettre définitivement hors circuit, sans succès. Forcément, on n’abat pas le meilleur avec moins que ça. C’est pourquoi Clay Verris (Clive Owen), patron de la société privée Gemini, envoie son meilleur à lui, pas moins que le clone de Henry (Will Smith, rajeuni numériquement). Un double dont Brogen ignorait tout… et réciproquement.
Et c’est bien dommage d’en faire la promo sur les affiches et dans les bandes-annonces, étant donné qu’il faut attendre le tiers du film avant que « Junior » n’entre en scène. Autrement, Gemini Man commence comme un thriller d’action et de suspense des plus communs. Si elle avait été inattendue, cette révélation aurait constitué un excellent rebondissement. Le passage où apparaît Junior restera d’ailleurs le meilleur du film. Cette course à motocross à travers Carthagène apprend auprès des meilleurs films et jeux vidéo, pour proposer des acrobaties en sérieuse compétition avec les derniers Mission Impossible.
Retour dans le temps
Sinon, le réalisateur Ang Lee (Hulk, L’Odyssée de Pi, Tigre et Dragon) nous pond un film bavard et mouuuuuuuu. Gemini Man n’a que le minimum à proposer pour nous tenir impliqués. Je ne sais rien de la genèse du projet. Mais je ne serais pas surpris si le scénario original avait sommeillé dans un tiroir depuis 1995. Qualités esthétiques et ballet technique à part, ce véhicule pour Will Smith m’a laissé la même impression que Jack Reacher 2 à sa sortie. S’il n’est pas une purge autant que l’était le nanar avec Tom Cruise, Gemini Man est un produit de consommation prévisible et daté, tombant dans deux écueils :
- Des dialogues lourds qui enfoncent des portes ouvertes philosophiques, comme si le clonage était un tout nouveau sujet de réflexion.
- L’absence du minimum de surprises qu’on est en droit d’attendre. Surtout quand on voit les moyens techniques disponibles et la concurrence en vigueur (les Marvel et compagnie).
En ce sens, c’est touchant de voir un film aussi naïf et nostalgique des années 90. Mais cet anachronisme est fatal pour la postérité. Gemini Man aurait pu devenir un classique du film d’action et d’anticipation. À la place, il remplira les grilles de programme des chaînes télé. Vous ne passerez pas un mauvais moment. Mais vous ne vous en souviendrez pas non plus.
LES + :
- Ça se regarde.
- La poursuite à moto, qui nous fait bien ressentir combien c’est aussi difficile qu’impressionnant pour les personnages d’accomplir de telles prouesses.
LES – :
- Une impression variable (tantôt bluffante, tantôt dérangeante) se dégage du lifting de Will Smith sur son jeune double.
- Aucune réelle surprise (le final est une fusillade dans une banlieue lambda, qui ne dépareillerait pas dans un Taken ou un Equalizer)