Haley Keller (Kaya Scodelario) a toujours vécue poussée par son papa à devenir une grande nageuse. Le jour où un ouragan maousse menace la Floride, son père ne répond évidemment plus au téléphone. Comme personne ne le fera à sa place, elle décide d’aller le chercher en personne, en pleine zone évacuée. Elle retrouve son papounet salement amoché et inconscient dans le sous-sol de l’ancienne maison familiale. Et pour cause ! Un alligator vénère squatte les lieux, et il n’a pas l’intention d’en repartir avant d’avoir croqué ce qui reste du père et de sa fille. Il va falloir vite trouver une solution, car la cave ne mettra pas longtemps à être inondée, et rien n’indique que le reptile est seul à rôder dans le coin. Heureusement que Haley est une championne de crawl, ça peut toujours servir…
Alexandre Aja revient aux bébêtes aquatiques, dont le dernier effort en la matière était Piranha 3D en 2010. Un film assez couillon, où Ving Rhames en bout de course charcute de la poiscaille avec un moteur de bateau, et où Quinn Mallory de la série Sliders se faisait mastiquer les roupettes par des sardines préhistoriques. Dans Crawl, les litres de punch coco et les bimbos débiles sont allés se faire voir, pour revenir à une horreur moins gogole et plus viscérale. Certes, le réalisateur a gardé les bestiaux en CGI, en remplaçant les petits poissons par des gros lézards aquatiques. Et oui, on voit bien dans 80 % des plans que les bouffe-tout sont en images de synthèse. Toutefois, ils n’en sont pas moins bien faits, et ils ne feront pas plus râler que les dinosaures du dernier Jurassic World.
Aja filme en crawl
Le réalisateur ne nous refait pas le coup du pastiche décérébré, qu’il avait fort réussi d’ailleurs. À la place, il revient à l’horreur et au gore bruts de décoffrage de ses œuvres les plus mémorables (Haute Tension, La Colline a des Yeux). Mais cette fois, il s’en sert dans un vrai survival.
Dans Crawl, on a deux héros, une menace et un environnement de plus en plus inhospitalier, point. Et l’exécution est réussie. Les situations délicates cèdent la place à des moments de violence explicite du plus bel effet. Les attaques des bestiaux voraces et les soins improvisés à la Rambo font équitablement frissonner. Avec Crawl, Aja livre un pur film de monstres. Il fait tantôt trembler grâce une montée maîtrisée de la tension, et tantôt exulter sous l’effet de sa violence au bon goût de défouloir.
Un divertissement rondement mené
Crawl demeure quand même un divertissement traditionnel, qui use une fois ou deux de grosses ficelles dans les comportements de ses personnages, et du bon vieil argument de la poisse intersidérale pour justifier ses moments les plus tendus. Mais il sait aussi jouer avec les codes du genre, comme avec le chien mignon. Lui, on se demande dans combien de temps il va passer à la casserole.
Quant à la palme du personnage le plus badass de l’année, la famille Keller partage les votes. Faut-il l’attribuer à la petite Haley, pour ses cou***es autant que pour ses bras en adamantium ? Ou bien rendre hommage à Papa, qui devrait donner son sang à la Croix Rouge 35h par semaine tellement il en a à revendre ? Un bon survival a besoin d’un bon battant pour plaire. Crawl en a deux, et ils ne manquent pas une occasion de nous faire kiffer leur calvaire.
Les + :
- Kaya Scodelario, frêle et badass à la fois (+1 avec son père, qui en a franchement dans le ventre).
- Des moments de tension bien menés.
- Du gore !
Les – :
- On a le droit à certains clichés et autres comportements discutables, typiques du film d’horreur ricain. Mais heureusement, ils n’entachent pas l’efficacité globale de Crawl.