Vous connaissez ces jeux sur lesquels vous avez bavé petit et n’aviez pas pu jouer ? Il n’est jamais trop tard pour se rattraper. Aujourd’hui, je fais connaissance avec Robocop vs Terminator version Megadrive, l’une des adaptations de films/comic book les plus violentes, badass et réussies de l’Histoire. « Your move, creep ! »
Robocop vs Terminator est sorti en 1993 sur presque toutes les consoles vendeuses de l’époque, y compris la Super Nintendo. Pourtant, les deux machines 16 bits n’ont pas eu droit strictement au même résultat. Selon bien des comparatifs, la version Megadrive serait supérieure à son adversaire, notamment à cause de sa violence. A l’époque, Nintendo jouait encore la pucelle effarouchée pour séduire un public familial. Sega, lui, n’en avait strictement rien à f***re, ce qui permit de rendre honneur sur sa plate-forme à la hargne décomplexée des deux sagas, un point commun autant qu’une marque de fabrique.
T’es un comic, toi
Quoi qu’il en soit, le jeu n’est pas une adaptation ciné à proprement parler. Ce cross-over aussi logique qu’improbable adapte à la place la bédé sortie en 1992, soit juste après Terminator 2 et Robocop 2 (et avant le déclin respectif de chaque franchise). Comme on doit l’histoire au célèbre Frank Miller (Sin City, The Dark Knight Returns), elle va de plus en plus loin dans le barré à chaque nouveau chapitre.
Pour faire court, des années après la mise en service de Robocop (Alex Murphy de son vivant), le cyber flic a inspiré les chercheurs pour la mise au point de Skynet. Forcément, une fois seul maître du futur, ce dernier fait comme dans les films de James Cameron, et envoie des T-800 dans le passé à tour de bras. Sauf que cette fois, c’est pour empêcher les rebelles de tuer Robocop, l’origine de la fin du monde ! A la suite de péripéties explosives, l’ami Murphy se retrouve HS. Il se réveille dans le futur contrôlé par Skynet, réarmé et prêt à en découdre au côté des rebelles. Pour la suite, lisez la bédé. Je recommande la chose pour son fort respect des univers originaux, ainsi que son jusqu’au-boutisme jubilatoire.
Ça commence bien
Nous avons ici affaire à un run ‘n gun (plate-forme et tir) librement inspiré de la bande-dessinée, mais pas de panique si l’histoire vous échappe. Fait rarissime dans l’histoire des jeux vidéo, en tout cas dans mon souvenir : un texte déroulant vous crame d’emblée l’intégralité du fil scénaristique, jusqu’au boss final ou presque ! Je sais, c’est fou, mais ainsi, vous savez ce qui vous attend. Plus besoin de recourir à des cutscenes et autres procédés casseurs de rythme pour justifier la progression à travers les niveaux. Un écran titre « fuck yeah ! » plus tard, vous voilà prêt à en découdre presque sans temps mort.
Vous commencez par un court tutoriel dans les bas-fonds de Détroit. Ensuite, il faudra casser du gredin lourdement armé dans des paysages dérivant de plus en plus du film Robocop pour vous emmener dans le futur désolé de Terminator. Vous y attendent usines futuristes et laboratoires high-tech, patrouillés sans répit par des hordes de drones fous et autres T-800. A noter que le jeu alterne également les monstres de Skynet avec ceux de l’OCP : ED-209 et Robocop 2/Caïn sont donc eux aussi de la fête, et ça, rayon fan service, ça fait plaisir.
On s’y croirait
Que ce soit pour ses décors ou son aspect sonore, Robocop vs Terminator sur Megadrive impressionne. Les niveaux sont d’une fidélité exemplaire aux atmosphères des deux sagas cinématographiques, finalement si fusionnelles. Les environnements traversés donnent vraiment l’impression de vivre à cent à l’heure l’action hardcore des films : rues sordides, aciérie, siège de l’OCP, futur délabré, QG de Skynet… Tout est là ! Quant aux sprites, leur taille et leur finesse imposent le respect, tant sur le corps de Robocop (ses coups de feu se reflètent même sur son plastron !) que sur ceux de ses ennemis. Il faut voir la bouillie que vous faites de ces pauvres racailles des banlieues, ou les corps de plus en plus décharnés des Terminators « en civil » que vous bousillez…
Niveau son, c’est comme au cinéma ! Le flingue du roboflic pétarade comme sur grand écran, et les cris d’agonie des loubards sont extrêmement bien rendus. Ma reprise préférée reste le rugissement de l’ED-209, ainsi que le bruit fidèlement restitué de son énorme pétoire. Par contre, le reste est en dents de scie, avec des armes aux sonorités parfois incongrues : le lance-flammes fait le bruit d’un tube de dentifrice qu’on presse, et les bruits de pas de Robocop 2 sont, comment dire… voyez sur Youtube, ça ira plus vite. Bonne idée en revanche d’avoir mis sous silence les pas lourds de votre avatar d’acier. Personne ne s’en aperçoit de toute façon tellement ça pète de partout ! En ce qui concerne la musique enfin, le répertoire est électro/techno et se répète beaucoup. Mais il glisse ça et là des bruits et autres voix digitalisées qui avaient la classe en 1993 (« Terminator ! » scande une voix féminine sexy).
Métal hurlant
Et le gameplay, finalement ? Comme dit plus haut, l’action est hardcore, badass et rapide. On aurait pu croire que l’ami Robocop se déplacerait comme une benne à ordures rouillée (comme dans Robocop 3 sur la même console). Les développeurs ont remporté un pari fou : celui de ne pas dénaturer les mouvements du personnage tout en lui conférant une certaine légèreté. Votre Murphy de pixels s’avère hautement maniable et réactif compte tenu de son modèle. Le cyber flic n’est certes pas un acrobate, mais il grimpe les échelles comme un chimpanzé et il peut glisser à grande vitesse suspendu par un bras à une barre en métal. Hautement improbable, mais indispensable pour survivre aux nuées de tirs et de salopards véloces vous attendant à chaque carrefour.
Heureusement que l’arsenal est complet et classe, quoique dur à alterner. Vous ne pouvez porter que deux armes, et chaque nouveau flingue acquis vire celui dont vous vous servez. Mais il n’y a qu’à se baisser pour en avoir : lance-flammes, lance-missiles téléguidés, fusil désintégrant, bras canon de l’ED-209… Mon préféré ? Le lance-grenades de l’Enfer, avec ses ogives qui se déplacent dans la direction indiquée par votre pad. Après un temps d’adaptation, vous saurez ériger un mur explosif et mobile extrêmement efficace. Mais attention : perdez vos armes et vous en ch**rez contre des boss de plus en plus insurmontables. A ce jour, je ne l’ai pas encore terminé, et je doute d’y parvenir sans tricher. Heureusement, Robocop vs Terminator s’avère également archi-blindé côté cheat codes (en anglais ici). A noter pour finir que chaque niveau propose en plus son petit objectif secondaire spécifique, comme détruire des caméras de sécurité, sauver des otages ou… simplement tout péter.
Bilan système
Au final, l’adulte que je suis regrette d’être passé à côté d’un grand moment de bourrinage violent, efficace et gentiment exigeant (la difficulté est progressive, même en changeant le degré). Robocop vs Terminator est une perle de fidélité à deux monuments du cinéma de science-fiction, que j’adore comme beaucoup. S’il ne possède pas les atouts narratifs des adaptations d’aujourd’hui (cf. Alien Isolation), il reste fidèle en diable à l’esprit d’origine, à la violence et aux ambiances de ses modèles, et ses références sont parfaitement intégrées au gameplay. Même le temps d’une partie rapide, ce jeu donne vraiment l’impression de vivre ces films cultes. Profitez-en donc quand vous le pourrez, car il semble que ni Robocop ni Terminator ne se relèveront de sitôt sur consoles. « I’ll be back » ? Qui vivra verra…