Vous connaissez ces jeux sur lesquels vous avez bavé petit et n’aviez pas pu jouer ? Il n’est jamais trop tard pour se rattraper. Aujourd’hui, je fais le point sur les derniers volets de Call of Duty auxquels je n’avais pas encore joué. Et c’était un vrai chantier !
Quand Call of Duty, Black Ops : Cold War sortit fin 2020, je m’étais dit qu’il était temps d’en finir avec ma session de rattrapage sur les campagnes antérieures de la saga. Certes, je les ai faites un peu dans le désordre. J’avais déjà fait la trilogie Modern Warfare et le récent Infinite Warfare à leur sortie. L’année dernière, j’avais enfin taté de World at War, Black Ops 3, ou encore Call of Duty 3.
Il ne m’en restait plus que quelques uns, certains réputés, d’autres conspués. Mais cela fait un moment que Cod s’est entièrement focalisé sur le multi, jusqu’à totalement muer en Warzone l’année dernière. Avec le temps, la campagne solo est peu à peu devenue, au mieux, un tutorial, au pire, une plaisanterie. Refaire ces titres a donc été un yoyo constant entre plaisir convenu et frustration légitime.
Note : on ne parle pas non plus ici du mode Zombie ni de ses itérations, devenus récurrents depuis Call of Duty : World at War.
Call of Duty 2 (Xbox 360, 2005)
Call of Duty 2 a tranformé l’essai en améliorant la mise en scène et en enrichissant un peu les phases de gameplay (et surtout, en semant les graines du multijoueur « à la Call of Duty », mais ici, on ne juge que la campagne). Niveau histoire, on nage encore en pleine Seconde Guerre mondiale, avec trois campagnes successives : le front soviétique, la guerre en Afrique, et enfin, la montée des Américains de la Normandie jusqu’en Allemagne.
Même s’il a été cross gen (sorti sur PC et PS3, mais aussi sur la génération Xbox/PS2), CoD 2 est beau pour son âge. Ses qualités et son influence sont indéniables, tout comme l’arsenal déjà bien étoffé. Par contre, je suis choqué de constater que presque rien n’a évolué en quinze ans. Outre les innovations absentes, car le genre ne les avait pas encore connues (ni couverture, ni sprint), Call of Duty 2 se jouait déjà comme Call of Duty en 2020.
Passons sur le contexte, puisqu’on n’en avait pas encore soupé, de la Deuxième Guerre dans les FPS. En revanche, on a exactement les mêmes soucis que dans Call of Duty 3 plus tard. Vous êtes cerné par des partenaires neuneu qui ne toucheraient pas un éléphant dans un couloir, mais sont très doués pour vous bloquer la vue ou le passage. Les ennemis, eux, respawnent à l’infini du moment que vous n’avez pas été le premier à forcer leurs lignes. Et bien sûr, vous êtes toujours l’homme qui valait trois milliards de pesos. Tout le monde veut VOTRE peau. Y compris les scripts du jeu puisque, parfois, le timing est si serré que si tu traînes, tu peux crever et tout recommencer. Yahou !
Bref. Call of Duty 2 souffre d’une IA débile et d’une linéarité trop scriptée pour pleinement l’apprécier.
Call of Duty : Black Ops (Xbox 360, 2010)
La Guerre froide. Alex Mason est fait prisonnier à Cuba après la tentative d’assassinat de Castro. Des années plus tard, le voilà sanglé à une chaise dans une salle d’interrogatoire, à répondre aux questions d’un mystérieux personnage. Commence une succession de flashbacks retraçant notamment le parcours de Mason, depuis son évasion d’un goulag en passant par la guerre du Vietnam, jusqu’à la mise au jour d’un complot terrifiant.
La campagne de Black Ops est souvent considérée comme la meilleure de la saga. Je comprends pourquoi, mais commençons par le négatif : le gameplay. Call of Duty reste inchangé. C’est linéaire et parfois frustrant, avec cette même conception de la difficulté (ennemis kamikazes et résistants au plomb, avec le don de voyance quand il s’agit de vous trouver). Heureusement, l’armement pléthorique permet de se venger avec plaisir. Et bien sûr, rebelote avec les scripts n’autorisant aucune liberté.
Si Black Ops accroche tant, c’est grâce à son intrigue et à sa mise en scène. L’histoire est extrêmement bien travaillée, mix efficace entre James Bond, Rambo et Un Crime dans la tête. Sorti après Modern Warfare 2 et sa guerre mondiale fictive, le jeu est tout aussi spectaculaire, mais jouit d’un ancrage plus fort dans notre réalité, avec l’apparition de figures historiques phares (JFK et Castro). Mais en plus, il tire parti de personnages déjà apparus dans les opus précédents, notamment World at War. L’intrigue fait ainsi doublement mouche, plantée à la fois dans l’Histoire, mais aussi dans la mythologie Cod.
Encore plus fort, Black Ops joue sur le procédé du FPS, la subjectivité du joueur, remettant peu à peu en question la « réalité » des évenements. Enfin, il y a la conclusion, suggérant (sans confirmer) la participation de notre avatar à un fait historique tragique. Du beau boulot.
Call of Duty : Black Ops II (Xbox 360, 2012)
2025. David Mason, le fils d’Alex, est sur la piste de Raul Menendez, un révolutionnaire qui compte mettre l’Amérique à genoux avec une cyber attaque. L’aventure alterne phases du présent (ou plutôt, dans le futur immédiat) et flashbacks pendant la Guerre froide. Petit à petit, le voile se lève sur les origines de Menendez et son lien avec le père de David.
Cet opus est sorti sur Xbox 360, PS3 et PC, un an après un Modern Warfare 3 « over the top », mais routinier. Le fossé est grand. Black Ops II est probablement le pinacle en matière de campagnes dans la saga Call of Duty. Le jeu met le paquet sur la mise en scène spectaculaire et se permet en plus, probablement pour la dernière fois, d’apporter vraiment du nouveau.
En 2025, vous bénéficiez d’armes et gadgets futuristes, qui dynamisent et renouvellent grandement les combats. Pendant la Guerre froide, vous menez un raid avec Manuel Noriega en personne, vous chevauchez un pur sang en plein champ de bataille afghan, vous ressentez les émotions de Menendez pendant un assaut solitaire désespéré, etc. Les arènes sont bien plus grandes, certaines phases (facultatives, après la première) mélangent efficacement FPS et TPS, et l’histoire est captivante, malgré les exagérations habituelles de la franchise. De plus, Black Ops II prend en compte les réussites et les décisions du joueur – sans lui indiquer, alors qu’elles sont vraiment déterminantes pour la conclusion de l’histoire.
En résumé, cet épisode jouit de qualités, d’une créativité et d’une rejouabilité qui évitent l’ennui et la frustration, dans lesquels Modern Warfare 3 commençait à sombrer. Assurément, un épisode à faire.
Call of Duty : Ghosts (Xbox One, 2013)
Dans le futur, l’Amérique est en guerre avec la Fédération, l’Amérique du Sud réunie sous une même bannière. Dix ans après une attaque dévastatrice sur les Etats-unis, les Fédérés préparent le coup de grâce. Hesh et Logan (vous) sont des Ghosts, les soldats les plus forts du monde, chargés de contrecarrer les plans de l’ennemi. Mais Roarke, un ancien Ghost ivre de vengeance, est passé du côté de la Fédération.
Nouveau titre cross gen, cette fois sur Xbox 360/PS3 et Xbox One/PS4 à la fois. Au lieu de créer l’évènement, Ghosts régresse. Les innovations de Black Ops II (embranchements multiples et phases en semi-TPS) ont disparu, remplacées essentiellement par… un chien, rarement employé. Quant aux phases furtives, elles pâtissent d’une l’IA digne d’un comateux éthylique.
Enfin, le scénario (« par l’auteur de Traffic » annonçaient les développeurs) se focalise trop sur Roarke et les Ghosts. Cette vengeance personnelle aurait pu se passer dans notre réalité, au lieu de ce contexte futuriste pourtant passionnant. Mais on ne creuse jamais le conflit avec la Fédération, et c’est comme si le reste de la politique mondiale n’existait pas. Alors à quoi bon tout ça ?
Heureusement que Ghosts est bête, spectaculaire et marrant comme un blockbuster estival. Explosion d’un barrage, infiltration sous-marine, attaque en tank à la conduite “arcade”, assaut sur une station spatiale… Le jeu fait tout pour s’attirer nos faveurs. Comme il n’est pas trop punitif (pour une fois), on va dire que ça passe.
On sent toutefois que la série commence à se demander ce qu’elle peut vraiment inventer, les décors et les idées sentant le déjà-vu (naufrage de porte-avions, plate-forme pétrolière, l’espace, etc.). Allez, même si c’est un beau gâchis de concept, Call of Duty : Ghosts vaut bien les deux euros auxquels vous risquez de le trouver.
Call of Duty : Advanced Warfare (Xbox One, 2014)
Dans les années 2050, la corporation Atlas est devenue la plus grande armée du monde. Mais son dirigeant, Jonathan Irons (Kevin Spacey), a des ambitions démesurées. Mitchell, son protégé et fils de substitution, va l’apprendre à ses dépens. Il va finalement rejoindre Sentinel, une unité anti-Atlas, pour contrecarrer les plans d’Irons.
Encore un opus cross gen dans le futur, mais toute continuité avec les opus antérieurs est enterrée. Cette émancipation permet à Advanced Warfare de surprendre, et d’aller aussi loin que possible dans l’action.
Vous avez des gadgets excessivement fun (drones microscopiques, gants magnétiques, grappin, exosquelette), mais leur usage est limité uniquement aux passages prévus. On sent plus que jamais que le gameplay est pensé pour du multi, et que la campagne fait office de tutoriel scénarisé. C’est amusant, mais on ronge son frein. On aimerait plus de liberté quand on escalade un immeuble comme Batman, ou lorsqu’on bondit d’une voiture à l’autre en pleine poursuite sur l’autoroute.
Les thématiques sont pertinentes, mais l’histoire, abracadabrante. Elle est quand même plus cohérente que Ghosts, tout comme la jouabilité des missions. C’est toujours linéaire, mais au moins, les phases furtives sont plus plaisantes (merci aux fameux gadgets). Quant aux morceaux de bravoure, ils ne se limitent pas aux fusillades, comme l’introduction au complexe d’Atlas ou la visite du « centre de recyclage ». Malgré la polémique autour de Kevin Spacey aujourd’hui, il faut reconnaître qu’Irons est un excellent personnage, réservant quelques scènes mémorables (comme son discours devant l’ONU, où il annonce cash qu’il dirige le monde et qu’il ne faut pas le chercher).
Call of Duty : Advanced Warfare est toujours diablement beau, et hormis un ou deux QTE débiles (« appuyez pour présenter vos respects » !), il vaut les 99 centimes qu’il m’a coûté.
Call of Duty : Modern Warfare (Xbox One, 2019)
Des terroristes ont volé un gaz mortel. Le capitaine Price va tout faire pour les arrêter. Et voilà, quoi. Modern Warfare 2019, aussi sur PC et PS4, est un retour aux sources, un reboot et un prequel à Call of Duty 4 (le lien est fait dans les dernières minutes).
Les conflits sont toujours spectaculaires, mais cette fois, les développeurs veulent les rendre plus réalistes et viscéraux. Vu le passif de la franchise, les vraies surprises sont absentes. Quant au ressenti du joueur, son pouvoir de décision n’est jamais poussé ni concret. Tortures et choix de vie ou de mort ne sont pas nouveaux, mais c’est rarement à vous de décider quoi que ce soit, et vous ne subissez jamais les conséquences de vos actes.
Modern Warfare est très linéaire. Pas de surprise, mais quand on joue à Black Ops II la même semaine, ça pique. Et vos ennemis, quinze ans après Call of Duty 2, sont toujours les mêmes kamikazes ultra précis, qui vous verrouillent plus vite qu’un tweet de Donald Trump dénonçant les fake news. D’ailleurs, il y a maintenant de vrais kamikazes qui explosent, et ce sont bien les gâcheurs de plaisir que vous imaginez.
La campagne est remplie d’authentiques pièges à c**. Vous mourez, vous recommencez en sachant ce qui va arriver, puis plus loin, rebelote. La guerre, la vraie, c’est peut-être aussi nul que ça. Mais si je joue à la place, c’est peut-être parce que la frustration et le désespoir ne m’intéressent pas tant que ça.
Call of Duty 2019 n’apporte rien de plus que ses ancêtres, à part développer son système de couverture et pousser à fond le prétendu réalisme (textures et éclairages chics, séquences en vision de nuit immersives). Et les meilleurs moments sont trop courts et scriptés pour avoir plaisir à s’y replonger de sitôt. Carton rouge pour son installation, interminable.
En résumé
Call of Duty n’a pas changé en quinze ans, tout de même ! L’IA des ennemis fait sourire quand on regarde jouer, mais grincer des dents quand on la subit. Et le joueur est condamné à suivre une voie toute tracée, qui ne laisse jamais expérimenter avec l’environnement ni mesurer les conséquences de nos actions.
Cela ne s’arrange pas dans la deuxième moitié des années 2010. Un déclin inexorable s’amorce alors, les développeurs apportant toujours moins de soin à l’expérience solo, pour privilégier le multi. Le succès de Warzone ne leur donne pas tort. Mais pour les rétrogrades tels que moi, l’âge d’or d’un solo mémorable est loin derrière. Après avoir enfin tâté de Black Ops I & II, je le déplore d’autant plus.
Il me reste encore à voir ce que Black Op : Cold War propose, mais je ne me fais pas d’illusion. Il est fini, le temps des efforts et de la vraie réflexion sur ce que le jeu solo peut apporter de neuf. Si tu ne paies pas ton abonnement au PSN ou au Xbox Live, tu n’existes pas. Mais pour un petit plaisir en solitaire, redécouvrir les vieux opus ne coûte heureusement pas cher. Vous pouvez même aller voir du côté des autres shooters militaires, comme les anciens Battlefield ou Medal of Honor. Il y aura toujours de quoi faire.