La Vieille garde (« The Old Guard », donc), c’est un groupe de quatre immortels menés par Andy (Charlize Theron), ayant l’habitude de se rassembler avec flingues et épées, pour faire un peu de ménage dans ce monde toujours plus pourri par le crime et Twitter. Il fallait bien qu’un jour, quelqu’un leur plante un poignard dans le dos, fortement intéressé par leur immortalité. Qui et pourquoi, c’est ce qu’ils vont tenter de découvrir, recrutant au passage une petite dernière, la jeune soldate Nile Freeman (Niki Layne)…

The Old Guard est adapté d’un comics tout frais et progressiste de Greg Rucka, un auteur #Metoo et #BlackLivesMatter. A priori, c’est engagé, c’est donc bien mais surtout vendeur. La réalisation de son adaptation a été confiée à Gina Prince-Bythewood, réalisatrice au teint juste halé comme il faut. Des choix encore plus engagés, et donc, encore plus vendeurs. Tout ça, c’est vrai, et honnêtement, c’est bien… en principe. Parce que même si ça va streamer grave pour regarder le dernier « événement » de Netflix (on sait tous que chiffres = succès), le résultat n’a franchement rien de transcendant, ni même de neuf, à proposer. C’est même parfois gênant.

The Old Guard

Association de malfaiteurs

Les premières secondes m’ont fait frissonner de crainte, à cause du logo de la maison de production Skydance. Skydance n’est pas un petit joueur, rayon actioner. Ce sont tous les Mission : Impossible depuis le quatrième opus et les Star Trek de JJ Abrams (mouais). Malheureusement c’est aussi Jack Reacher 2 et les deux derniers Terminator (argh). Une garantie de confiance, donc, quant aux intentions de porter à l’écran un matériau réputé sans concession… Terminator Dark Fate tentait déjà honteusement de surfer sur la vague « woke » sans aucun aspect pertinent pour aller dans ce sens, ni rien de moderne en matière de mise en boîte (lisez donc)

Production Netflix oblige, ce n’est pas The Old Guard qui va changer la donne. Quand elle ne finance pas de vrais projets pour Scorsese ou Michael Bay, la plate-forme file des produits fonctionnels à quiconque est disponible. Ça veut dire essentiellement des réalisateurs boutés du cinéma (David Ayer avec Bright) ou issus de la télé (Gina Prince-Bythewood avait surtout réalisé quelques épisodes de séries). Sans surprise aucune, The Old Guard a l’air d’un pilote de série, rabaissant constamment l’ampleur de son récit et les ambitions affichées, en plus pour sous-entendre une suite.

The Old Guard

The Old Guard, ou le pilote automatique

Les chorégraphies, souvent bien pensées et enthousiasmantes, sont presque toujours surdécoupées, gâchant le plaisir de les regarder. La photographie est aussi plate que dans un épisode de Charmed (vous vous souvenez de Charmed ? Non ? Punaise, je suis vieuuuuuuux), et les flashbacks « à la Highlander » ressemblent à des stocks shots de la série Stargate ou de Xena : Princesse guerrière. Merci aux costumes, à la photo et au filmage naturaliste.

Ah oui ! Vous avez déjà remarqué cette obligation des séries ricaines, à passer un ou deux morceaux d’un groupe tendance sur chaque épisode (parce qu’un peu de pub ne fait pas de mal, j’imagine) ? Attendez-vous à subir une demi-douzaine de chansons en 1h30, aux titres aussi cryptiques que Die Alone, Put this between Us, Say your prayers, etc. Accompagnant thématiquement (et supeeeerbement) chaque scène. Du bien lourd, donc.

The Old Guard

Il devrait n’en rester qu’un

Netflix croyait peut-être tenir le nouveau Highlander, ajoutant un peu de féminité et de « John Wick attitude » pour convaincre. Le scénario (dont je ne sais pas s’il suit fidèlement la BD) ne nous donne que des graines à manger. Les personnages ne sont jamais creusés même s’ils sont intéressants, comme le couple Joe-Nicky et le passé d’Andy, plus vieille que Mathusalem. Quant aux meilleurs seconds rôles, Chiwetel Ejiofor se débrouille avec ce qu’il a, et Matthias Schoenaerts pense visiblement déjà à l’après-tournage.

Étrangement, ce n’est pas via Nile Freeman que nous découvrons l’univers d’Andy. Quand elles se rencontrent, nous savons déjà à qui nous avons affaire, rendant toute découverte ou surprise caduque. Tout ce qui concerne nos amis ensuite n’est alors plus réduit qu’à des dialogues et flashbacks informatifs, séparés de l’action elle-même. On est embarqué dans une histoire aussi banale que l’enrobage général. Le méchant est un entrepreneur tête-à-claque, vile, cupide et de si mauvaise foi qu’on en rigole, et le rebondissement de dernière minute se voit venir à dix lieues.

The Old Guard

Charlize Theron aurait dit : « il est temps que les femmes aient leur propre franchise d’action ». Je suis d’accord (il n’y a qu’à voir Mad Max Fury Road). Maintenant, si c’est pour un tel résultat, The Old Guard devrait peut-être en rester là.

LES + :

  • Ça me donne envie de… lire la BD.

LES – :

  • La télé américaine des 90s a survécu. Merci Netflix pour tant de nostalgie… Pardon ? C’est un film de 2020 ?!
  • Comment peut-on gâcher Charlize Theron? Ce n’est pas son premier film d’action à le faire, en plus (Aeon Flux, Hancock, Fast and Furious 8).

Laisser un commentaire