Dans Avengers Infinity War, Thanos, le « titan fou », a enfin décidé d’intervenir en personne dans le Marvel Cinematic Universe. Après s’être emparé hors film de la pierre du Pouvoir (vue dans les Gardiens de la galaxie), il s’approprie la pierre de l’Espace (aka le Tesseract, aperçu pour la première fois dans Captain America). Ce faisant, histoire de prouver qui est le patron, il extermine la team Thor, perdue dans l’espace depuis la fin de Ragnarock. L’homme au gros menton envoie ensuite ENCORE des sbires sur Terre, pour s’octroyer les pierres du Temps (gardée par Doctor Strange) et de l’Esprit (portée par Vision). Heureusement, les Avengers ont été prévenus et organisent la résistance. Pendant ce temps, Thor part à la recherche d’une arme censée vaincre Thanos. Les Gardiens décident quant à eux de devancer ce dernier dans sa recherche des deux dernières pierres…
Avengers Infinity War est la promesse tenue de rassembler tout le casting du MCU autour d’une aventure (en apparence) terminale, avec l’arrivée du tant anticipé Thanos, terreur de l’Univers et possesseur du gant de l’infini. Dès l’introduction, le décor est planté : le bad guy est grand, balèze et vraiment intimidant. Les frères Russo aux commandes du film avaient déjà prouvé qu’ils savaient créer une ambiance ou planter un personnage suivant les besoins (cf. les deux derniers Captain America).
Jésus est arriiiiiivééééééé… !
On est donc soulagé concernant le grand méchant que Marvel a gardé sous le coude pendant dix ans. Contrairement aux serpillières qu’ont affronté les Vengeurs jusqu’à présent, Thanos est un fanatique en croisade, à la fois posé et brutal, et son raisonnement aussi simpliste que tordu peut légitimement faire peur. Cela reste un méchant de bande dessinée, grandiloquent et coloré, mais ses soliloques reflètent des peurs naïves générées par l’urbanisation et une démographie galopantes depuis plusieurs décennies : il veut tuer 50% des formes de vie de l’Univers afin de… le préserver (voir le film pour plus de précisions).
Parce que le faire une planète après l’autre prendrait l’éternité, il veut donc rassembler les pierres d’infinité afin de pouvoir exécuter son projet d’un claquement de doigts. Loki avait averti le monsieur depuis la scène d’ouverture : « Tu ne seras jamais un dieu ». Sauf que Thanos, malheureusement, ne veut pas le devenir, contrairement à Apocalypse, le méchant du film X-Men homonyme.
Il ne veut pas voler sa liberté à quiconque, il ne veut pas imposer sa loi, il ne veut rien gagner, juste accomplir une chose qu’il croit juste et nécessaire (évitons de faire le parallèle avec des groupes religieux/terroristes douteux…). Que son vœu soit absurde ou non (l’Univers étant prétendument infini, on ne risque pas de manquer de vivres ni de place), c’est sa conviction, sa volonté inébranlable à accomplir sa destinée qui le rendent si imposant, si fascinant et dangereux en même temps.
Avengers Infinity War a un méchant intéressant
Certains moments parmi les plus dramatiques ou intéressants sont dus aux dilemmes moraux auxquels on ne s’attendait pas à voir CE personnage être confronté, les sacrifices qu’il doit, LUI, faire et assumer. On ne s’attendait pas non plus à une telle fin, en apparence jusqu’au-boutiste et radicale. On se doute bien qu’une pirouette des scénaristes annulera les conséquences de ce dénouement « choc ». Qu’importe puisque les frères réalisateurs osent au moins conclure leur film sur un sentiment d’achèvement, de conclusion qui aurait pu être authentique et réellement surprenant si l’on ne savait pas que la suite arrivera l’an prochain (ni qu’une scène post-credits annonce déjà le prochain opus du MCU).
Mais il fallait au moins ça pour maintenir l’intérêt. Après 18 films, le MCU rassemble ici une troupe de ouf qui n’a pas beaucoup de temps pour exister individuellement ici, mais qu’importe puisqu’ils en ont déjà eu l’occasion dans leurs films solo. Les enjeux maousses, des catastrophes en rafale et des prétextes fumeux réunissent donc tout ce petit monde plus que des motivations personnelles.
De toute façon, on était prévenu et conscient depuis le départ : Infinity War serait un gros burly brawl de 2h30 prétexte à des bastons qu’on espérait de folie et du spectacle comme Hollywood a hélas perdu l’habitude d’en faire. Les précédentes productions Marvel étaient trop localisées sur Terre ou trop kitsch quand elles se perdaient dans l’espace (Thor Ragnarock ou les Gardiens de la galaxie ont autant de belles choses à montrer que peu de talent pour les mettre en valeur).
L’univers s’agrandit encore
Ce nouvel opus s’ouvre réellement à l’Univers et même à des couches de réalité supérieures, voire intérieures, et il a ainsi de vraies belles choses à montrer, quelque part entre SF et fantasy. Sans compter que niveau action, certaines échauffourées sont jouissives et dignes de la dimension épique et mythologique qu’on prise ces aventures en une décennie (la confrontation avec Thanos sur Titan, Thor rallumant la forge galactique comme le ferait Kratos dans God of War…). Bref, avec un sérieux et un talent technique irréprochables, Avengers Infinity War sait parler au gosse qui est en nous.
Restent les tics auxquels nous avait habitué le MCU et son inévitable escalade :
- La p**** de scène post-générique ;
- Des ressorts scénaristiques faciles (comme des actes ou décisions absurdes de la part de nos héros) ;
- Un humour devenu si habituel qu’il ne marche plus aussi bien ;
- Les armures beaucoup trop abusées d’Iron Man et de Spider-Man ;
- Les problèmes de virilité d’un Bruce Banner incapable de sortir son Hulk, et qui devient embarrassant plutôt qu’attachant à force de l’entendre se parler à lui-même.
Sorti de ces lourdeurs, Avengers Infinity War surprend et divertit laaaaargement plus qu’espéré. C’est assez pour séduire et passer un excellent moment.
“Rappelle-moi combien t’es payé, déjà ? Parce que j’ai fait le calcul, et si on était payé à la vanne, je devrais valoir largement plus cher que toi.”
LES + :
- Un film « tout en un » qui nous en donne pour notre argent.
- Du spectacle pop-corn maîtrisé, qui divertit et emballe beaucoup mieux que l’Ere d’Ultron, pour ne pas le citer.
- Un antagoniste soigné auquel on ne s’attendait pas.
- Une noirceur et un final auxquels on ne s’attendait pas non plus.
LES – :
- Il en manque quelques uns (Ant-Man, Hawkeye, Hulk ou presque).
- Mark Ruffalo est devenu le nouveau Jar-Jar Binks.
- Ça reste un Marvel. Si vous n’aimiez rien avant, vous n’aimerez pas plus maintenant.