Vous écrivez ou vous voulez écrire ? Vous aimeriez qu’on vous remarque, qu’on vous lise, qu’on signe avec vous un contrat d’édition, qu’on achète les droits cinématographiques, qu’on vous adule, mais aussi gagner votre poids en or tous les ans ? C’est possible, même en s’auto-éditant (enfin, je crois). Mais calmez vos ardeurs. Il y a bien des pièges dans lesquels ne pas tomber, à commencer par se faire facilement des plans ! Si vous voulez devenir auteur auto-publié, il faut commencer par identifier et mettre de côté toute idée fausse sur l’auto-édition. Elles pourraient vous mener à la désillusion et au désespoir. En voici quatre.
Première idée fausse sur l’auto-édition : « C’est rapide et facile. »
Nan. Ça ne l’est pas. C’est comme la différence entre dire et faire : ça demande des efforts. Et si vous voulez que votre auto-édition soit bien faite, il faut le faire bien. Si c’est à vous de tout faire, il faut étudier la question, et apprendre à vous servir des outils recommandés pour écrire et mettre en forme le livre en e-book et au format papier (si vous visez cette fonctionnalité). Ensuite, il faut savoir sur quelles plateformes vous éditer : Amazon, Kobo, etc.
Si vous n’avez pas assez confiance en vous ou si vous êtes malhabile, alors il faut trouver la bonne personne pour se charger à votre place de ce qui vous gêne. Forcément, cela va vous demander un peu de recherche, puis de « feeling » pour savoir si vous avez affaire à un fumiste ambitieux ou à un charlatan. Et si la personne est sérieuse, reste à savoir si vous vous entendrez bien pour travailler ensemble.
Pour écrire, vous savez sans doute gérer. Mais évitez cette idée fausse sur l’auto-édition : ce n’est pas rapide et facile. Il faut vous documenter à fond, au préalable.
« J’écris mieux que beaucoup d’autres. »
En voilà, une belle idée fausse sur l’auto-édition ! Déjà, même si c’est vrai, les goûts sont illimités et cumulatifs. Un lecteur qui aime les livres de bien-être et de cuisine peut aussi aimer l’érotisme fleur bleue et l’horreur trash. Mais si, malgré cette largesse d’esprit, il n’aime pas les thrillers d’action léchés et trépidants, on ne peut pas lui en vouloir. Surtout quand la concurrence est si grande !
Mais la qualité de l’écrit va de pair avec la qualité de la présentation. Orthographe, mise en page et couverture sont aussi importants pour capter le regard et conserver un lecteur. D’autant plus que, maintenant, les plateformes proposent de feuilleter en ligne les premières pages d’un ouvrage pour se faire une réelle idée de sa qualité et de son sérieux.
Dès le début, soyez humble et réaliste concernant votre position dans l’auto-édition. Ne vous convainquez pas d’être un best-seller en puissance. Déjà, parce que c’est pas beau de se vanter. Ensuite, parce que le monde est vaste et vous n’êtes pas seul sur le marché. Enfin, car même si vous écrivez bien, si vous laissez le reste en plan (coquilles partout, aucun alignement du texte, couverture générée aléatoirement), on vous prendra pour un nul.
« On va facilement me remarquer. »
Tu parles d’une idée fausse sur l’auto-édition. Malheureusement, Internet n’implique pas automatiquement de visibilité digne d’une vitrine sur les Champs Élysées. Sans un tant soit peu de communication, on ne va pas vous voir. La marché du livre, auto-édité ou non, est comme l’océan. Tous les jours, la marée ramène à l’attention du client de nouvelles parutions ou rééditions. Et comme sur la plage, on va chercher à ramasser l’objet le plus gros ou le plus brillant.
Et là, on trouve de tout ! On peut se laisser tenter par des livres aux belles couvertures et dotés de trois cents commentaires positifs, mais une fois en main, ils se révèlent mal écrits et blindés de fautes. Ou cela peut être l’inverse : des livres auto-édités n’ayant pas à rougir avec les grosses publications se retrouvent en quarantième page des résultats de recherche (et des ventes).
Ce n’est pas à l’auteur de juger s’il est à la hauteur des grosses sorties. Toutefois, il a un devoir de respect et de qualité envers son client/lecteur. Alors avant de songer à travailler votre comm’, travaillez bien votre livre. Pourquoi ne pas prendre contact avec des chroniqueurs sur des plateformes dédiées, afin de leur faire découvrir votre travail (moi, je vais ici) ? Ils auront peut-être des choses pertinentes à vous remonter, avant de faire le grand saut.
« Argent facile ! »
Devenir riche avec votre premier roman (et les suivants) ? Ce n’est pas impossible, mais c’est une belle idée fausse sur l’auto-édition, à évacuer d’emblée. Autant faire de l’immobilier, devenir youtubeur, commencer une carrière dans le rap ou auditionner pour une fiction de TF1. Tous les profils d’auteurs ne sont pas les mêmes. Un publiciste avec une longue carrière et des velléités d’écriture, par exemple, saura se vendre même si son ouvrage n’est pas fameux. En tant « qu’auteur », succès mis à part, il n’est pas différent de Dédé Brouillard, retraité breton de 76 ans qui a toujours voulu écrire sa grande odyssée animalière pendant la Guerre de 14-18.
Ils ne sont pas non plus différents de Peter Noria, un doux rêveur entièrement tourné vers la création de fiction depuis ses sept ans, et qui a dû naviguer de port en port (acting, théorie du cinéma, scénariste) avant de poser ses bagages dans l’auto-édition, parce qu’il s’y sentait bien. Pourtant, il n’y connaissait rien, et pendant six ans, il a dû apprendre. Il ne gagne pas du tout sa vie avec, on le remarque à peine, et pourtant, il a besoin de raconter des histoires. Et même après une ou deux grosses déprimes ou crises existentielles, il ne parvient simplement pas à arrêter.
Au-delà du succès (qu’on espère tous), c’est la passion qui doit avant tout et surtout animer un auteur auto-publié. C’est une idée, une envie, un besoin irrépressible, une conviction qu’on a au fond de nous et qui nous convainc que, oui, c’est la bonne position à adopter. L’auto-édition, c’est un gros effort et un investissement sur le long terme, peut-être pour la vie.
En définitive, l’auto-édition
Attention, l’espoir n’a rien d’une idée fausse sur l’auto-édition. Il nous aide à tenir et à avancer. Pour ma part, m’auto-éditer m’offre une liberté que j’aurais du mal à abandonner maintenant que j’y ai goûtée. Six ans d’échecs et de persévérance m’ont amené à affiner mon écriture, apprendre les outils d’illustration et de PAO, comprendre les problèmes de communication, etc. Et je ne sais pas tout, loin s’en faut.
En définitive, l’auto-édition, c’est comme de traverser la Manche à la nage. Une fois arrivé à mi-chemin, à quoi bon faire demi-tour ? Vous n’avez pas fait tout ça pour rien. Autant voir où cela vous mènera. Voyez les choses ainsi si, peut-être, vous souffrez d’une remise en question. Mais si vous avez évité ne serait-ce qu’une idée fausse sur l’auto-édition parmi celles susmentionnées, vous n’avez pas si mal démarré.
Cet article a été écrit en collaboration avec l’Agence Fanny Cairon.