Il s’est écoulé plus d’un an depuis le dernier roman de la Collection 120. Certes, je pourrais mettre ça sur le compte de la situation mondiale actuelle. Pourtant, ce n’est pas le cas (pas complètement). Depuis Veines Rouges, j’étais sur un nouveau projet, une idée originale qui n’était pas la suite d’une série déjà existante. Hélas, après un an, je me suis rendu compte que je n’étais pas mûr pour écrire un roman d’action tel que celui-là.
En 2021, je me suis dit que, en attendant, je devrais peut-être écrire un roman plus familier, plus amusant, plus motivant. Bref, quelque chose qui me manquait depuis un moment. Et les choses se sont décoincées. Quand on est bloqué, il est donc important de se demander, : « pourquoi je veux écrire un roman d’action ? »
« Pourquoi je veux écrire un roman d’action ? »
Lorsqu’on veut écrire, il faut déjà éviter certains écueils et a priori. Parfois, on peut simplement perdre l’envie. Ou alors, on peut vouloir à tout prix écrire un roman, et pourtant, ne jamais parvenir à porter l’idée à maturité. Or, on y a passé des mois, voire des années. Pour toute chose, tout le monde est victime de cela à un moment donné.
Je ne peux pas parler pour tout le monde, et je ne me considère pas comme un « auteur » au sens artistique. Toutefois, je crois que mon activité d’écrivain, de conteur, est un art né de l’envie, de l’obstination et de l’expérience. J’avais envie d’écrire un roman d’action, je me suis motivé et j’ai travaillé dans ce sens pendant des années. Mais mon carburant, quel est-il réellement ?
D’abord, le travail ne me manque pas, je peux le dire. Généralement, j’ai envie de lancer une nouvelle idée, un nouveau synopsis, un nouveau concept alors que le livre actuel n’est fini qu’à 60 %. Et les 40 % restants sont pour moi une corvée que je me force à traverser, même si je sais que cela en vaut la peine.
Ensuite, il ne s’agit pas non plus de la reconnaissance. Quoique j’aimerais sincèrement, et humblement, que mes histoires plaisent et divertissent, elles sont encore (beaucoup) trop méconnues. Enfin, ce n’est pas l’argent, parce que sinon, il y a longtemps que j’aurais trouvé un job ou une combine pour en générer. Car je ne suis ni idiot ni fainéant. J’ai seulement le malheur d’être passionné et têtu.
Quand je suis bloqué pour écrire un roman, je me remets donc en question, car si cette activité me plaît, elle ne m’a rien apporté de concret. « Mais pourquoi j’écris, alors ?! » Et là, il ne faut pas longtemps pour me le rappeler.
« Parce que ça me manque ! »
Pour la plupart des auteurs, auto-édités ou non, écrire un roman naît d’un besoin d’expression. Leur manque à eux, c’est celui de partager des tranches de vie, des idées, des pensées, de lancer des pistes de réflexion, voire d’éveiller les consciences. Quelque part, c’est aussi mon cas, même si cela ne se voit pas.
Sous couvert de concepts dignes de blockbusters, la Collection 120 exploite des peurs et des préoccupations qui me sont propres : sur le monde moderne et sa sécurité, sur une politique mondiale malade et manipulatrice, sur l’enfance en danger, sur les rapports père-fils ou, plus largement, des rapports sociaux compliqués. Quant au moyen de les partager, je préfère que cela soit trépidant et moraliste, plutôt que verbeux et moralisateur. C’est ça, précisément, qui me manque lorsque je me décide à écrire un roman d’action.
Ce qui me manque vraiment, ce sont les histoires. Le manque ressenti se situe du côté du public. Lecteur, spectateur ou joueur, je me divertis avec ce genre de produits. Oui, « produit ». Etymologiquement, c’est tout à fait correct, et sans dénigrer la qualité de mon travail, je suis conscient de sa nature. Je produis quelque chose, destiné à être partagé à but de divertissement.
Le besoin de suivre des histoires
Quand je suis coincé sur un projet qui ne correspond pas encore à mes envies, je me rabats donc sur quelque chose qui me manque, à moi, en tant que public. Malgré les contrariétés et le temps qu’ont demandé Veines Rouges et Max Force 3, ce sont des histoires que je désirais sincèrement voir exister. Le genre de choses, en littérature, en films, en séries, et même en jeux vidéo, dont j’ai le sentiment de n’en avoir pas assez (parfois, pas du tout).
Pour écrire un roman d’action et ne pas perdre mon entrain, je dois simplement me rappeler que je veux m’amuser et amuser autrui. Je désire surprendre, et parfois, je me surprends moi-même rétrospectivement (« j’ai écris ça, moi ?! »).
Je n’ai pas l’intention de toujours écrire des suites à Max Force ou Deadline, par exemple. Mais ces mondes me manquent, et c’est un plaisir d’y retourner. Ils ont quelque chose de familier et de réconfortant. En ces temps compliqués, où nous sommes toujours plus isolés entre nos murs et dans nos têtes, j’ai besoin de héros, de personnages que je connais et qui me font sourire. Max Force, Christian Novell et Catherine Ambrose sont des figures capables de se sortir du pire, non sans peine, mais avec le sourire.
Le besoin de renouveau
Enfin, quand je me cale devant mon pc avec l’intention d’écrire un roman d’action, c’est à cause du consommateur frustré en moi. J’aime le cinéma et je suis un enfant de l’image. Mais malgré un océan d’œuvres aux origines et qualités diverses, je dépéris face aux produits « originaux » mais routiniers de Netflix et consorts. Fan d’action, polars et aventures, j’ai fait le tour des œuvres de référence, comme de leurs déclinaisons tantôt amusantes, tantôt paresseuses.
Aujourd’hui, je soupire devant le septième ersatz de super-héros de l’année ou l’énième émule de Jason Bourne, où le style prévaut sur les idées. Les projets s’uniformisent, et les idées ne se méritent plus. Elles se rachètent dans les cartons de licences commençant à sentir le renfermé. J’aime Star Wars, Terminator, Die Hard, Indiana Jones, Rambo, James Bond, etc. Mais vu ce qu’on leur fait subir, j’ai le sentiment qu’il faudrait les laisser mourir et passer à autre chose. Les licences, héros, mondes et règles inconnues me manquent.
Malgré la voie choisie, je n’éprouve pas de « bâtardisation » à raconter des histoires « comme au cinéma » au format ebook. J’aime le Cinéma, celui du grand écran. Les aventures et les histoires petites ou grandes, mais toujours « en grand ». Sauf que, aujourd’hui, surtout ces deux dernières années, nos modes de consommation ont évolué. Le streaming et les jeux vidéo remplacent le cinéma, tandis que les achats d’œuvres littéraires explosent.
En tant que public, peu m’importe le format sous lequel je vis des aventures rocambolesques. Et en tant que conteur, l’écriture est le meilleur moyen pour les livrer telles qu’elles sont conçues, sans concession financière ou politique à but de ratisser large. On pourra toujours les voir « là-dedans », projetées dans un coin de notre tête, dans une version personnalisée, et donc, idéale.
Ces films-là ont beau venir de moi, tels que vous les voyez, ils sont à vous et à personne d’autre. Et j’avoue que j’aime penser comme ça.