Brodie Torrence (Gerard Butler) est commandant de bord pour une compagnie aérienne. La nuit du nouvel an, il embarque une quinzaine de passagers, dont le prisonnier Louis Gaspare (Mike Colter), au-dessus de la mer des Philippines. À cause d’une tempête, l’avion se pose en catastrophe sur une île paumée. Pas si paumée que ça, mais disons que même l’armée l’évite comme la peste. C’est le repaire de séparatistes, des pirates et des tortionnaires qui adorent les touristes étrangers. Avec eux, ils peuvent toujours demander une plus grosse rançon. Et si ça ne marche pas, et bien, tuer ne les dérange pas. (Mais si ça marche, on se doute que c’est kif-kif.) Quand les passagers de Brodie sont faits prisonniers, il ne reste que lui et Gaspare pour sauver la situation. Ça tombe bien, ils en ont dans le pantalon…
Simplicité n’est pas synonyme de bêtise. Pourtant, on pouvait craindre le pire rien qu’à l’affiche, arborant en VO le titre plus nul du monde : « Plane », soit « Avion » en français, le comble de la flemme. Imaginez si « Piège en Haute Mer » s’intitulait « Bateau », ou si « Speed » s’appelait « Bus ». Bien sûr, ça ne fait pas tout. Mais il y avait aussi cette bonne trogne de Gerard Butler, dont la carrière demeure toujours à mi distance entre le film d’action aux petits oignons et le nanar volontaire. Pourtant…
L’effet Ri(co)chet
Pourtant, Mayday a plusieurs atouts dans sa manche. La première, c’est un réalisateur qui sait y faire, et surtout, pas trop en faire. Jean-François Richet, français, a un beau palmarès à son actif. Mais le grand public se souvient davantage de ses pélloches d’action carrées et un peu rugueuses sur les angles : Assaut sur le central 13 (remake du film de John Carpenter), Mesrine, ou plus récemment, Blood Father avec Mel Gibson.
Au vu des frasques de Butler dans la peau de Mike Banning (La Chute du Président), on pouvait craindre que Mayday soit un ersatz de Commando, avec un duo de gros bras à la vanne facile. Finalement, non. Richet prend son temps à planter des personnages crédibles, puis la situation, et enfin, le décor… Avant que les choses sérieuses ne commencent.
Mayday !
Autant prévenir. Si on ne s’ennuie pas, Mayday préfère faire monter la pression plutôt que faire tout péter à un rythme de métronome. Il faut attendre la moitié du film pour que la confrontation avec les pirates ne fasse ses premières victimes. Des pirates qui n’ont de cliché que leurs foulards et coupes de cheveux, puisque ce sont de beaux salauds sans morale ni pitié. On est donc soulagé de les voir crever. Dommage que les méthodes employées ne soient pas si cathartiques que dans les derniers Rambo.
On apprécie toutefois quelques fulgurances. La première empoignade de Butler, en plan séquence exténuant. La mort du chef des pirates, aussi méritée que cartoonesque. Et surtout, cette brute de Luke Cage fracassant des crânes à coups de masse, comme s’il était Serious Sam. Et quitte à faire la comparaison avec les jeux vidéo, l’intrigue rappelle plus d’une fois le cultissime Far Cry 3. Il ne manque qu’un antagoniste digne de Vaas Montenegro pour faire monter l’angoisse d’un cran.
Bovin d’origine contrôlée
Il faut reconnaître au film sa paire de défauts. D’une part, ça fait plaisir de voir les gérants d’une compagnie aérienne faire des pieds et des mains en salle de crise, espérant retrouver rapidement les victimes. Mais on les voit un peu trop souvent. Cela donne l’impression d’artificialiser légèrement le rythme du film. Si l’odyssée de Brodie et Gaspare était intense comme un marathon, ça tomberait davantage sous le sens. Cette distraction de l’action principale sur l’île nous permettrait de souffler, tout en casant un peu d’exposition.
Mais les choses ont besoin d’un moment pour vraiment remuer. On a alors plutôt l’impression qu’on nous éloigne de ce qu’on est vraiment venu voir : un survival d’action avec des brutes épaisses. Allez, ce serait dommage de râler, parce que c’est justement une bonne surprise de la part de Jean-François Richet. Oui, ses personnages sont pétris de clichés (le gentil capitaine courageux, le prisonnier pas si méchant que ça, le British antipathique, etc.). Mais ils ont le droit d’exister, et donc, il leur en laisse le temps. On aime bien Brodie et Gaspare, et on se soucie vaguement du sort d’un ou plusieurs passagers et membres d’équipage.
L’autre défaut, qui tombe un peu sous le sens de nos jours, ce sont des CGI parfois un peu trop évidents. Surtout lors d’un abus de plans virevoltants autour de l’appareil en vol dans la première partie. Mais si même Marvel, malgré des centaines de millions de dollars, continue à bâcler les siens, j’imagine qu’on n’y peut rien.
« Avion », euh, Mayday, en conclusion
Quoique sans surprise, Mayday demeure décent à regarder, et parfois franchement marrant. C’est là la seule promesse qu’un amateur espère voir tenue, quand il se rend en salle assister à la projection d’un film appelé « Avion » (arf) mettant en scène Léonidas et Luke Cage sur une île infestée de vauriens.
Pélloche humble appartenant à un genre des plus populaires, Mayday est une vraie bonne série B, ni plus ni moins. Comme les films de Jaume-Collet Serra avec Liam Neeson (Night Run, Non-Stop, The Passenger), c’est un bon petit film, pensé comme un divertissement passager, bien fait, honnête et sans prise de tête.
LES + :
- Léonidas et Luke Cage font équipe ? J’achète.
- Série B bien troussée, ni plus ni moins.
- Des personnages certes clichés, mais plus humanisés et attachants qu’on ne s’y attend.
LES – :
- Forcément, ça ne réinvente pas la roue.
- Une action peut -être un peu trop mesurée et retenue.
- Quelques CGI bien cheap.