Après Désordre Intérieur et Guerre Intérieure, la conclusion épique de la trilogie.

Après une année difficile, John Culver espérait goûter un repos mérité… Jusqu’à l’irruption d’un trio d’agents de la CIA venus demander son aide dans une enquête internationale. La raison : un attentat terroriste. Le suspect : Jessie, sa propre fille, employée d’une prestigieuse compagnie technologique implantée à Hong Kong. Condamné par le cancer, John n’a rien à perdre, et il se laisse convaincre d’accompagner les trois hommes en Chine.

Mais sur place, tout dérape. Jessie n’est peut-être pas la plus coupable dans l’affaire, ni les choses ce qu’elles paraissent. La famille Culver est entrée dans un monde d’espionnage et de tromperie, où la victoire ne revient pas au plus fort ni au plus motivé, mais au plus rusé.

Force Intérieure fait suite à des événements toujours plus fous et spectaculaires. Mais au lieu de surenchère, le dernier volet de la trilogie intérieure emmène ses personnages sur d’autres territoires, au sens propre comme au figuré. Plus “James Bond” que Die Hard, le dernier tour de John Culver le confronte à des ennemis d’une autre trempe, bien plus vicieux et puissants. C’est aussi l’occasion d’introduire une menace aussi folle que réaliste, faisant habilement le pont entre thriller d’espionnage et science-fiction. Face à un avenir sombre, comment John, homme-relique appartenant au passé, peut-il à la fois sauver sa famille et le monde ?

Notes d’intention

En achevant le scénario original de Désordre Intérieur en 2008, je ne pensais pas écrire de suites. Ledit scénario, devenu roman d’action, était pensé comme une œuvre somme de trente ans de cinéma de genre (Die Hard, L’Arme Fatale, Mission:Impossible, Jason Bourne…). C’était le choc de deux générations avec un côté crépusculaire au travers du personnage du vieux flic rongé par le cancer, ainsi qu’une tentative de pied de nez au buddy movie (si vous voulez approfondir la question, cliquez ici).

Toutefois, les idées et les envies ont naturellement continué à affluer dans ma tête, comme l’eau s’écoule d’un robinet qui fuit. En peu de temps, c’était un déluge de nouvelles possibilités qu’il m’avait fallu évacuer, et j’imaginais transformer l’essai en trilogie en suivant la même logique. Ainsi se détachèrent deux idées de roman d’action, qui deviendraient Guerre Intérieure et Force Intérieure.

Force Interieure

Les règles d’engagement

Tout est possible dans un roman d’action. Cela dit, la trilogie résultant de Désordre Intérieur (elle-même inspirée de Die Hard) a été pensée selon trois intentions, qu’elle s’évertue scrupuleusement de respecter :

  • Tout d’abord, comment pourrir encore plus la vie d’un homme (John Culver) ? À l’origine, la série ne devait se dérouler que sur une seule année, mais j’ai pu (et dû) trouver quelque raison de prolonger un peu le martyr du héros.
  • Ensuite, poursuivre sur la lancée de Désordre Intérieur et continuer à payer mon tribu au cinéma d’action. Les opus suivants devaient explorer le style narratif établi dans Désordre… (un anti-buddy movie) et glisser progressivement en territoire « jamesbondien ». C’est donc après un Guerre Intérieure à cheval entre les deux que Force Intérieure conclut le calvaire de John Culver.
  • Enfin, exploiter de manière inédite le principe de la réaction en chaîne. Chaque roman d’action faisant suite à Désordre… (Guerre Intérieure puis Force Intérieure) devait mettre en scène de nouveaux défis et menaces, mais tout en étant la conséquence directe ou indirecte des aventures précédentes.

Après Guerre Intérieure, il ne restait plus qu’à relever le défi de conclure en suivant ces intentions, et surtout, d’une façon qui soit à la fois décente et appropriée.

Roman d’action et innovation

Pour ce nouveau chapitre, il fallait donc verser totalement dans le récit d’espionnage. Les attentes varient selon le public, mais dans ma tête, impossible de ne pas voir l’opportunité de voyager, d’user de gadgets, de multiplier les adversaires, d’enchaîner les rebondissements et révélations, et d’inclure un bon gros P.-D.G. mégalo.

Ne manquerait plus que la réception chez l’ambassadeur avec smoking et échange de bons mots, mais je suis partisan de ce qui marche plutôt que ce qui me plaît. Si le canon établi avec les épisodes précédents ou la continuité de l’histoire ne s’y prêtent pas, la scène ne fonctionnera pas.

Force Interieure

Un peu de science dans la fiction

La menace est un autre débat. Aujourd’hui, alors que tous les moyens de détruire le monde (surtout nucléaire) ont été employés, difficile de surprendre en trouvant mieux qu’un « simple » McGuffin. J’avais toutefois une idée à cheval entre prétexte et innovation. Quoique la tentation de basculer dans la S-F pure fut grande, nous sommes dans une série de thrillers d’action, certes exubérants, mais prenant place dans une réalité concrète.

Avec Force Intérieure, j’aimais pouvoir imaginer ce que pouvait être, disons, l’ancêtre d’une technologie encore tâtonnante aujourd’hui, et déjà bien épanouie dans les livres de science-fiction et autres médias. Finalement, malgré une application particulière et inédite (ledit McGuffin), c’est cette technologie dans son ensemble qui constitue la réelle menace ici, le méchant principal faisant l’étalage de tout un tas d’applications dérivées peu sympathiques.

Force Intérieure et girl power

Force Intérieure était aussi l’occasion de présenter un nouveau et dernier membre de la famille Culver : Jessica Louise. Tout comme Guerre… était finalement la quête de Jack, Jessie est la principale héroïne de ce nouveau roman d’action. Ses initiatives sont à l’origine de tout et relancent continuellement l’intrigue.

Dès le début, j’étais réticent à en faire une terroriste ou un agent de la CIA. On avait déjà dans la famille un ex-policier et un ex-Ranger ex-agent du FBI. Malgré l’envie initiale de raconter des histoires folles, cela me semblait être une pilule beaucoup trop grosse à avaler, en plus de n’être pas si original. Je ne voulais pas non plus faire de la jeune fille une espèce de Lisbeth Salander (héroïne de la série de livres Millennium). Et de toute façon, j’avoue que je n’y entends pas grand-chose en informatique moi-même.

À la place, j’ai choisi de faire de Jessie une… personne normale (du moins, socialement parlant), extrêmement intelligente et motivée compte tenu de ses apparentés. Une femme forte mentalement et aux convictions non moins solides, dont il fallait cette fois développer un peu plus le passé. Si John et Jack étaient des archétypes Die Hard-esques, Jessie demanda un petit peu plus d’attention. 

Dans la lignée de la Collection 120, Force Intérieure ne devait pas trop s’étaler. Il fallait égrener de-ci de-là des bribes du passé de la jeune femme et autres anecdotes justifiant ses actes, son caractère et sa vie privée, sans alourdir la lecture. Un effet secondaire bienheureux fut de développer davantage l’histoire de sa famille.

« Adieu, John Culver… »

Et finalement, que reste-t-il de l’anti-buddy movie sauce Die Hard 3 ? Je ne voulais pas renoncer à l’une des raisons qui m’avaient poussé à écrire Désordre Intérieur à l’origine : la séparation. Elle ne pouvait pas être permanente ici, la structure du récit étant, à dessein, beaucoup plus traditionnelle. Pour tout le premier tiers, j’ai pensé qu’il serait intéressant de proposer une sorte de variante, le temps d’éclaircir les zones d’ombre de la culpabilité de Jessie, avant de changer la donne dans le deuxième acte. A vous de juger.

Force Intérieure a été l’occasion de me poser de nouvelles questions sur le processus et les moyens pour écrire une histoire du genre. Il me semble avoir réussi à proposer un récit divertissant et entraînant, bien rythmé, inventif, pertinent, et concluant de façon appropriée et surprenante la trilogie. Mais plutôt que de tourner définitivement la page, ce dernier volet offre la possibilité d’étendre toujours plus le champ des possibilités. La famille Culver est plus nombreuse, et l’univers possède des ramifications toujours plus étendues. Une porte ouverte à l’imagination, pour le lecteur comme pour l’auteur…